C'est une des poches de l'Atlantique
tenues par les Allemands dont le C.F.P. va devoir s'occuper sous
les ordres du Colonel Jean DE MILLERET que l'on continuera à
appeler "Brigade CARNOT" bien que devenu bataillon depuis le 8 août 1944.
Il est rattaché au groupement de CLERCK. Il lui reste la
Cie CLAVERIE et la Cie CROMARE-GROS, plus la logistique sous les
ordres de SARRAUTE et EYCHENNE.
POMMIES accorde au Gl. MORAGLIA
d'envoyer les hommes de MILLERET sur Bordeaux le 25 août. Le soir même ils sont dans la banlieue de
la ville. Le lendemain, un accord est passé entre les Allemands
et le Colonel ADELINE, commandant des troupes de Bordeaux . Ils
ne feront pas sauter Bordeaux, ni son port à condition
qu'ils puissent se retirer sans coup férir . Les maquis
n'entreront dans la ville que le 28 août à 0.01 heure. Cependant le 27 les FFI occupent, au
fur et à mesure du départ des Allemands, les bâtiments
publics.
Il faut éviter que les Allemands de la pointe de Grave
ne s'acheminent vers Bordeaux. Un groupement est constitué
sous les ordres de BAYARD étoffé en particulier
par les 2 bataillons O.R.A. de CARNOT. Ce dernier prend le commandement
de l'ensemble et fait occuper différents points stratégiques
pour boucler la base de la pointe de Grave.
D'autres renforts arrivent et fin septembre, 4 bataillons ou groupes
formeront la brigade MARSOIN. D'autres unités gardent leur
autonomie : les Espagnols de CASSADO, le groupe CHODZKO par exemple.
Les Allemands tentent de reprendre les pourparlers. Le cdt. PISTOLET
propose le 12, une rencontre à Jau. Le 13 un officier allemand
choisi le château de Canau.
La rencontre a lieu le 17, mais moins d'une heure après
son début, elle est gravement troublée par des éléments
non contrôlés. Le chauffeur du Colonel relate l'incident
à la date du 16 :
«Le Colonel me demande de rester debout près de mon
véhicule. Pas une heure s'est écoulée que
tout à coup, surgissent plusieurs voitures portant inscriptions
et drapeaux qui pénètrent dans la cour, des hommes
en descendent surexcités. Ils s'en prennent d'abord à
moi m'insultant. Beaucoup parlent espagnol, langue que je comprends.
Je reçois l'ordre de mettre mes mains sur la tête
et de ne pas bouger, les gradés de cette clique pénètrent
dans le château et j'entends des engueulades, d'où
ressort la voix du Colonel, ça barde sec. Tout le monde
se retrouve sur le perron, c'est alors que le calme revient, et
que suivant les regards de ces messieurs, j'aperçois à
l'orée du bois des soldats allemands mitraillettes sous
le bras qui sont sortis. Devant ce fait quelques insultes, mais
tout le monde remonte dans les véhicules respectifs. Les
officiers se saluent mais l'officier supérieur allemand
prononce quelques mot que j'interprète ainsi : «Comment
voulez-vous que nous puissions arriver à quelque chose».
MILLERET prend très mal la chose et note :
Le 17 septembre dans l'après-midi, alors que le
Général MAYER vient pour se rendre au Général
de GAULLE, acclamé ce jour à Bordeaux, l'intervention
inexcusable de X fait rompre les pourparlers et il faudra sept
mois de campagne pour libérer le Médoc.
Début
octobre les Allemands se cantonnent
dans la pointe de Grave elle même, puissamment fortifiée.
L'ensemble constitue une forteresse abritant 3 800 hommes et 90
officiers. Mi-octobre autour du noyau C.F.P., MILLERET rassemble
5 000 hommes dont certains groupes conservent leur dénomination
originelle.
Afin de mettre de l'ordre dans la multitude des Etat-majors, DE
GAULLE nomme d'abord le 5 octobre, le Colonel ADELINE commandant
des opérations dans la zone des poches Royan, La Rochelle
et pointe de Grave.
Puis le 14
octobre, il crée les
F.F.O. (forces françaises de l'ouest) et en confie le commandement
au Général de Corps d'Armée de LARMINAT.
Celui-ci réorganise les forces françaises en 5 secteurs
: au total 73 000 hommes face aux 77 000 Allemands retranchés
autour de leurs places fortes.
Alors commencent un automne et un hiver qui s'annoncent froids,
boueux, surtout dans cette région marécageuse, en
attendant que la neige s'en mêle.
Un armement dérisoire, des tenues hétéroclites
, inadaptées et anachroniques. En somme des conditions
de vie aussi dures que pour les autres FFI qui n'étaient
pas rentrés chez eux.
Le 27 novembre, le Général MAYER est évacué
malade par l'hydravion qui amène son remplaçant
le jeune Colonel SONNETAG qui s'est illustré sur le front
de l'est.
DE GAULLE supportait mal que les Allemands narguent indéfiniment
les Français derrière leurs remparts. (mémoire
de guerre, tome 3). Pendant ce temps se produit la contre attaque
des Allemands dans les Ardennes et en Alsace, où les troupes
US flanchent, aussi ne peut-on obtenir de renfort pour le front
de l'ouest.
L'hiver se poursuit non sans mal, maladies, pluie, gel, tirs de
mortiers et d'artillerie allemands, accidents dûs aux mines.
Le 4 mars, le Colonel SONNETAG se tue accidentellement
avec une grenade française.
Les troupes françaises sont peu à peu réorganisées
et constituées en unités régulières.
L e contact est gardé et nos hommes contiennent efficacement
l'ennemi.