On veut laisser souffler le
49 R.I. et le régiment va se mettre en défensive
le long du Neckar. Lauffen et la rive gauche de
la rivière jusqu'à Kircheim exclu.
La 2e Cie. se porte sur
Lauffen.
C'est loin d'être
un secteur tranquille. La prise de cette localité par le
4e R.T.T. a été très dure et a coûté
cher. Elle est dans sa plus grande partie, dominée par
la rive droite et en particulier par une tour d'où des
tireurs d'élite ajustent tout ce qui se trouve dans le
champ de tir.
La 3e Cie. se porte également sur Lauffen dont elle
occupe pour la première nuit la partie arrière.
Le lendemain elle ira rejoindre le P.C. du 1er Bataillon installé
à Hausen.
La 1ère Cie. est en pleine campagne. Elle occupe une
zone de vignes le Hochgericht et le débouché
du tunnel de Kircheim qui lui sert d'abri.
La première partie de la campagne d'Allemagne est terminée.
- Depuis le
2 avril, date du passage du Rhin à
Spire, le 1er Bataillon a été du Rhin
au Neckar. Il a mené les 4, 5, 6, et 7 avril quatre journées de durs combats et de poursuites.
Il a fait
plus de 100 prisonniers, mais a subit de lourdes pertes : 17 tués
dont un officier et un aspirant; 46 blessés dont un Capitaine,
un Sous-Lieutenant et un Aspirant.
Pendant quelques jours le 1er Bataillon va goûter un peu de repos, parsemé de mouvements dus au regroupement de la 3ème D.I.A. et à la préparation de la marche sur Stuttgart.
- Dès
le 9 avril,
le 1er Bataillon prend à
son compte le village de Kircheim. La 1e Cie. vient de
recevoir un nouveau chef, le Capitaine GALHARAGUE, et s'installe
à Meimsheim.
Le 10 avril, le 1er bataillon
est relevé par les Goumiers et prend un nouveau dispositif
de combat.
Le P.C. et la 3e Cie. sont à Löchgau.
La 1e Cie. va à Kleinsachsenheim tandis
que la 3e Cie. s'installe en point d'appui de liaison entre Besigheim
et Bietigheim. Elle sera relevée le 11 avril et
viendra s'installer à Rechenhofen puis à
Löchgau le 12 avril.
- Le 12 avril,
le 1er Bataillon se porte
sur Kleinsachsenheim où se trouve le P.C. du Régiment.
La 2e Cie. est mise pour la nuit du 12 au 13 avril à la
disposition du 2e Bataillon pour des opérations de patrouille
dans la région Sud de Metterzimmern. Elle rejoint
le 13 avril, le Bataillon qui se regroupe en entier à Kleinsachsenheim,
sauf la 3e Cie. qui va à Löchgau.
Le Bataillon est alors rassemblé.
Ces quelques heures de repos sont les bien venues, mais elles
sont troublées par des alertes et des rafales d'obus.
Durant la nuit du 11 au 12 avril, le P.C. installé à
Löchgau, a été bombardé sans
qu'il y ai de pertes.
- Le 12 avril, à 17 heures, une rafale d'obus
fait des dégâts à la musique installée
à Kleinsachsenheim.
Au Bataillon, l'infirmier SABRE est tué. FLAMENT de
la C.B.1 est grièvement blessé : il mourra quelques
jours plus tard. Deux autres chasseurs sont blessés.
- Le 14 avril, une nouvelle phase s'ouvre au cours de laquelle le Bataillon, placé d'abord en défensive le long de l'Enz, s'imposera à l'ennemi par une agressivité sans relâche, puis repartira en avant dans une progression rapide marquée par la prise de Nussdorf et de Ditzingen et ouvrira la brèche dans le dispositif ennemi aux portes de Stuttgart.
En fin d'après-midi le 14 avril, le 1er Bataillon reçoit l'ordre
d'aller relever un Bataillon du 4e R.T.T. à Enzweihingen.
Alors que ce village important est tenu par un Bataillon,
c'est avec la Cie. GALHARARGUE, qu'il va falloir l'occuper et
tenir tête aux nombreux coups de sonde de l'ennemi.
Il en est de même à Aurich, qu'un ordre du
même jour prescrit d'occuper sans délai.
Finalement en fin de soirée,
tout le 1er Bataillon se déplace de la zone de Kleinsachenheim
- Löchgau vers la région Vaihingen
- Aurich - Enzweihingen.
La 1e Cie. traverse Vaihingen
à 22 heures. Largement échelonnée, marchant
à travers champs pour éviter les tirs de harcèlement
sur la route de Vaihingen à Enzweihingen et aux
abords de la passerelle traversant l'Enz, la Cie. arrive
à destination et procède à la relève
malgré les tirs de minen et de 105.
Chaque section de la Cie. prend à son compte le point d'appui
initialement tenu par une Cie.
Cette relève est endeuillée par la mort du Sergent-Chef
LUBESPIERRE de la 1e Cie. due à la mégarde d'un
tirailleur mal réveillé.
Ce n'est pas un climat de confiance qui règne dans le village ; les tirailleurs relevés parlent d'encerclement, d'infiltrations à l'intérieur même du village. Ils situent les positions de l'ennemi à proximité immédiates et les estiment très fortes. Ils semble particulièrement nerveux ; C'est certainement le résultat de leur usure extrême et peut-être aussi celui des bombardements constants qui ne cessent de s'abattre de nuit et de jour sur le village.
A Aurich la situation est la même. D'accès plus facile que Enzweihingen, le village est dans un fond dominé sur l'autre rive par la croupe 323 et les tirs ennemis ne contribuent pas à créer une atmosphère de tranquillité.
- Le 15 avril, au jour cependant, on reconnaît, la situation
dans laquelle on se trouve sur l'Enz.
Deux villages entièrement dominés par les hauteurs
au Sud sur lesquelles le Boche est tapi dans de nombreux trous
: 284, 279, 323, 352, tous ces points pendant quatre jours
vont revenir dans les conversations et les comptes-rendus et vont
faire l'objet d'actions offensives.
Plus en arrière, le
fond du tableau est marqué par le Pulverdiger Holz dont
le mystère va hanter les esprits et par le village et le
château de Nussdorf qui semblent des yeux braqués
sur nous pour surveiller tous nos mouvements.
La circulation n'est possible que de nuit et l'ennemi très
actif tire sur les isolés qui se montrent. Bien que désemparées
par l'offensive du début avril, les unités allemandes
se sont reconstituées et renforcées. Elles ont reçu
l'ordre de s'accrocher au terrain jusqu'au dernier homme, jusqu'à
la dernière cartouche.
Dans son secteur, le 1er Bataillon a en face de lui plusieurs
unités qui seront même renforcées dans les
premiers jours de notre occupation. D'est en ouest le dispositif
allemand se présente ainsi :
* à Pulverdingen on signale la présence du
104e R.I. (47e Volksturm Grenadier Division) mais il est installé
surtout à l'est de cette localité.
* à Pulverdingen également et au Pulverdingen
Holz, se trouve une Cie. de l'école des Pionniers.
C'est une unité de choc destinée aux coups de main
et aux contre-attaques.
* devant Enzweihingen et Aurich, le Kampf-Gruppe
Müller (141e D.I.) rattaché à la 16e V.G.D.
comprend deux Bataillons de 105 hommes chacun. Le Bataillon Friedrich
devant Enzweihingen, le Bataillon Kling à Nussdorf
face à Aurich.
* Enfin Nussdorf est occupée aussi
par le Polizei-Einsatz-Bataillon Deggingen orienté face
à l'ouest.
* De notre côté deux Compagnies en ligne à
Aurich et Enzweihingen et une en réserve,
la C.A 1, à Vaihingen avec le P.C. du Bataillon.
La nuit, des hommes montent la garde dans des postes de résistance
installés à des carrefours.
Afin de ne pas laisser le complexe d'infériorité gagner les hommes, des patrouilles sont exécutées dès le 16 avril pour donner de l'air aux villages. Ces patrouilles trouvent le vide aux endroits indiqués comme fortement tenus. Ainsi dans la journée, le dispositif est-il largement étalé sur le terrain. Il apparaît très clairement que le dispositif allemand n'est pas accroché à Aurich et Enzweihingen mais que l'ennemi s'emploie de toute évidence à nous bluffer par des patrouilles extrêmement agressives et venant chaque soir aux abords des villages et principalement Enzweihingen.
- Le 16 avril, A 12 heures les patrouilles deviennent des reconnaissances
offensives en direction de :
- Rieth sur l'axe routier Enzweihingen-Riethertal ,
- du Pulverdingen Hole au travers de pentes dénudées
qui en descendent,
- de Nussdorf.
Il s'agit avant tout de savoir
avec précision où est l'ennemi, ce qu'il fait. D'autre
part un observateur de la Division aurait constaté un drapeau
blanc à Nussdorf. Le drapeau blanc ! l'a-t-on cherché
à la jumelle au cours de cet après midi. En fait
il s'agissait uniquement d'un rayon de soleil sur une toiture
ou une fenêtre.
A la Cie. GALHARAGUE, l'opération est montée sous
forme de coups de main sans préparation d'artillerie, ni
de mortiers.
Le coup de main sur Riethertal est confié à
l'adjudant-Chef ETHEVENEAUX, 3e section ; celui de Pulverdinger
Hole au Sergent-Chef MOTA 2e section, la 1e section est laissée
à la défense du village, Sergent-Chef LUCAS.
L'adjudant-Chef ETHEVENEAUX, s'infiltrant de part et d'autre de
la route, tombe à 100 mètres de la papeterie, presque
à son départ (15 heures) sur un fort bouchon de
mitrailleuses enterrées sur le bas côté de
la route et prenant celle-ci d'enfilade. Son groupe de droite
qui essaye de pousser en avant sur les pentes 279 afin de manoeuvrer
la résistance, est cloué au sol, pris à partie
par des armes automatiques postées de l'autre côté
de la route. Bloqué de partout, l'adjudant-Chef ETHEVENEAUX
passe à l'abordage de la résistance qu'il grenade
à bout portant faisant quatre prisonniers et tuant le Sous-Officier
Chef de pièce qui se défend revolver au poing.
La progression reprend après cet incident lorsqu'une contre-attaque ennemie déboule des pentes Est 279. Elle est difficilement brisée par le groupe de droite qui réussit à faire 2 nouveaux prisonniers. L'interrogatoire de ces 2 hommes acheminés sur le champ au P.C. du régiment apprend qu'une Cie. allemande vient d'arriver à Rieth dans la deuxième partie de la nuit précédente et qu'elle se trouve déployée en vue d'une action offensive. L'ordre de rompre le combat et de regagner le point de départ parvenu vers 18 heures 30 est exécuté vers 19 heures avec quelques difficultés, mais 2 prisonniers sont fait à nouveau. De notre part nous perdons 2 morts : PAVIOT et SANROMAN.
L'opération de Pulverdingen
Hole, s'est également heurtée à une très
grosse résistance de la part de l'ennemi. Pris au moment
où ils allaient pénétrer dans le bois sous
un violent tir de mitrailleuses postées à l'intérieur
de la lisière, les chasseurs du groupe MOTA essayent pour
s'y soustraire, de sauter dans le bois ; ils ne peuvent y réussir
:
CATHERINE
est tué, deux autres sont blessés dont un grièvement
: 2 allemands sont capturés.
De leur déclaration
il résulte que le Pulverdinger Hole est truffé
de casemates et fortement occupé. Au début de la
soirée le sergent-chef MOTA réussit un décrochage
avec beaucoup d'habileté. Si le bénéfice
de ces deux opérations ne se solde pas par un gain de terrain,
du moins deux résultats appréciables sont acquis
:
- le renseignement précis sur l'importance et la situation
des positions allemandes,
- la démoralisation d'une unité fraîche qui
venait de débarquer et son intervention annihilée.
Il y a lieu d'ajouter à
ce résultat d'ordre tactique,
Les 10 prisonniers
faits, les 10 morts, et 20 blessés estimés, les
4 mitrailleuses capturées.
Pour se venger, dans la nuit,
les allemands procèdent à des tirs de harcèlement
extrêmement violents et fréquentsx avec minens, 88,
105 et calibres plus élevés ; quelques infiltrations
tentées par l'ennemi le lendemain, sont stoppées
par nos tirs d'arrêt.
A Aurich également les reconnaissances gravissent à partir de 16 heures les pentes nord de la côte 323 afin de se porter ensuite sur Nussdorf. Des signes d'occupation récente témoignent de ce que l'ennemi tenait encore la croupe peu de temps auparavant. Dès l'arrivée des premiers hommes sur la crête, les tirs ennemis d'armes automatiques et d'artillerie se déclenchent brutalement.
Utilisant cependant les moindres
défilements, des éléments de la 2e Cie. réussissent
à atteindre un boqueteau situé sur la partie sud
de la croupe 323. Par contre tout essai d'en déboucher
est inutile, sous peine d'avoir de lourde pertes. Déjà
LAVIGNE et BOUDY ont été tués et en même
temps qu'eux des blessés ont du être évacués
dont l'un le Sergent-chef
BORDES de la C.A.1 mourra de ses blessures.
Entre la côte 323 et
Nussdorf ce n'est qu'un glacis dominé par les observatoires
ennemis et battu par ses feux. Il est inutile d'insister avec
des moyens insuffisants. Le renseignement obtenu est d'ailleurs
important. L'ennemi a évacué les avant-postes qu'il
avait sur la rive sud de l'Enz, mais sa ligne de résistance
est marqué par Nussdorf.
Il se contente de pousser des patrouilles la nuit, qui viennent
voir si nous veillons. Cependant elle ne nous trouvent pas en
défaut et l'atmosphère de confiance s'accroit, malgré
les réactions de l'artillerie qui n'épargne pas
plus Aurich que Enzweihingen.
En tout cas l'ennemi s'est rendu compte de notre esprit offensif
et il a été fixé en face de nous tandis qu'ailleurs
se déroule une autre manoeuvre.
- Le 18 avril,
la bride nous est a nouveau
lâchée. Il faut essayer de prendre Nussdorf sans
attaquer cependant, car nous n'en avons pas les moyens, en artillerie
surtout. La C.C.1 du régiment (TENOR) nous aidera et le
Capitaine BARTHE vient rejoindre le P.C. qu'il ne quittera pratiquement
plus jusqu'à la veille de l'entrée à Stuttgart,
nous épaulant du feu de ses canons dans toute la mesure
qui lui sera permise. Au besoin le Régiment pourra nous
donner quelques tirs d'artillerie mais c'est peu. Aussi c'est
par la manoeuvre d'infiltration que nous allons obtenir le résultat.
Le 18 à partir de 13 heures, le Bataillon reprend pied
sur les croupes 323 et 279.
Mais l'avance sur le glacis de Nussdorf étant toujours
impossible, la 2e Cie. s'infiltre par les bois du Sonnenberg
pour atteindre la croupe 352. La 3e Cie. venue de Vaihingen
tient la croupe 323.
La 1e Cie. a également manoeuvré sur la 279 qu'elle trouve réoccupée par un groupe de mitrailleurs. Tombant à l'improviste sur ce groupe, le Sergent-Chef LUCAS et ses hommes le surprennent et le mettent en fuite, faisant 2 prisonniers et capturant 4 armes automatiques et une quarantaine de fusils. Se lançant à la poursuite des fuyards, LUCAS pousse à plus de 1500 mètres en avant de la 279. Il est tout de même obligé de s'arrêter et s'installe avec ses hommes sur la 279.
- Le 19 avril, dans la matinée la 2e Cie. a suivie la 1e et ensemble se répartissent la défense. Les derniers allemands quittaient le village par le sud au moment où le Bataillon y est entré. Les allemands sont encore dans les bois et les vergers de la cote 390. Quelques coups de feu sont échangés aux lisières sud du village. Nussdorf n'est plus qu'un monceau de ruines. Pilonné par l'aviation quelques jours auparavant il a été achevé par les canons de la l' A.D. et de la C.C.1 du 49e R.I. Des maisons brûlent encore allumées par TENOR. Seul le château du baron Von Reichbach, un ami de ROMMEL en haut du village est à peu près intact. Il a été pillé par les allemands. C'est un spectacle lamentable. Dans les chambres les armoires ont été vidées ; des décorations du baron il ne reste que les rubans ; plaques, croix, médailles, tout a été emporté. Des richesses, oeuvres d'art de valeur, tableaux, armures, statues, provenant du musée de Stuttgart, ont été rassemblées là. Elles sont à peu près intactes.
On ne peux s'attarder à
dénombrer tout cela. Il faut s'installer pour la nuit.
La Cie. GALHARAGUE progressant vers le Sud est venue border la
route Nussdorf-Rieth le long de laquelle elle s'établit,
assurant la liaison avec le 3ème Bataillon. Nous sommes
stoppés jusqu'au lendemain à 12 heures avec défense
de poursuivre l'avance. Trop en pointe il faut attendre que nos
voisins de droite du 3e R.T.A. ( Bataillon ALBONY) aient progressé
suffisamment dans le "Heutal Wald".
- Le 20 avril, à 12 heures, le Bataillon marche sur Eberdingen que les allemands ont évacué dans la matinée et l'occupation s'est faite rapidement.
La situation évolue
car l'ennemi est maintenant en retraite sur tout le front. La
poche de Stuttgart, menacée d'être fermée
par l'action de la 5e D.B. dans le Sud, se vide. De partout les
unités de la 3e D.I.A. poussent de l'avant.
Orienté d'abord sur Heimerdingen, le 1er Bataillon
reçoit à 17 heures l'ordre d'atteindre la côte
388 et si possible Ditzingen. Mais Ditzingen
est loin.
A notre gauche, le 3e Bataillon marche en direction de Münschingen
tandis qu'à notre droite le 3e R.T.A. n'a pas encore
atteint la route d'Eberdingen à Weissach.
Sans attendre la 3e Cie. repart sur Heimerdingen.
Les routes sont barrées par des abattis. On passe sur
les côtés et l'on réquisitionne des civils
pour ouvrir la voie.
La 2e Cie. part dans la même direction. Heimerdingen
est occupé. Les allemands l'ont évacué
au début de l'après-midi. A 20 heures 15, la Cie.
HENRAT repart vers l'est en direction de la croupe 388 puis
d'Hirschlanden qu'elle occupe à 22 heures tout en
ramassant des prisonniers.
C'est au tour de la 1e Cie. de continuer cette ruée en
avant. Chacun voudrait être le premier à entrer dans
Stuttgart.
A 17 heures, Lorsque l'ordre a été donné
de pousser si possible jusqu'à Ditzingen, la 1e
Cie. vient de s'installer à Rieth. Elle reçoit
l'ordre de se porter sur Eberdingen. Les hommes qui ont
été tenus en alerte depuis le 15 avril, et ont combattu
depuis le 16 sont fourbus ; aussi, la décision est prise
de transporter cette Cie. le plus loin possible. Immédiatement
les dodges se trouvant à Eberdingen , sont déchargés
sur place, et les hommes embarqués. Les motos du Bataillon
sont rassemblées pour former un peloton de reconnaissance
avec 2 F.M. sur moto-side. Et la colonne motorisée se met
en route. Elle est ralentie par des barrages aux issues des villages.
Elle passe à 21 heures à Heimerdingen et
atteint à 22 heures 30 Hirschlanden déjà
occupée par la Cie. HENRA:T. La route est barricadée
; aussi le Capitaine GALHARAGUE fait mettre pied à terre
à son unité. Les renseignements recueillis à
Hirschlanden auprès des prisonniers français
libérés donnent Ditzingen comme fortement
occupé par l'ennemi 2 heures auparavant et situent 2 batteries
d'artillerie le long de l'autostrade.
- A 0 heure
30, la Cie. débouche
d'Hirschlanden largement articulée en profondeur,
disposée en un losange axé sur la route. La progression
s'effectue dans le plus grand silence au travers d'organisations
inoccupées, et chose surprenante non minées.
Parvenue aux abords du village
sans aucune réaction de l'ennemi, la Cie. s'y jette par
trois côtés à la fois, par les issues d'Hirschlanden,
d'Hofingen, et de Minchingen. L'état-major
du Volksturn est surpris à son P.C.
La garnison,
forte d'environ 50 hommes est faite prisonnière avant d'avoir
pu réagir.
Les postes de la Cie. aux issues s'emploient à recueillir
les soldats ennemis de toutes armes refluant, vers le village.
C'est alors que, brusquement, vers 2 heures du matin le 21, la
fusillade éclate un peu partout , déclenchée
par des petits groupes de 3 ou 4 civils. La gendarmerie est le
centre de ces réactions, de résistances.
- A 7 heures,
du matin le
ratissage des trois rues menant des postes des issues à
la place centrale est terminé et la gendarmerie nettoyée.
Plus de 80 prisonniers ont été faits dans la nuit.
Des armes, des équipements en grands nombre ont été
rassemblés ; il est impossible de les dénombrer,
on a pas le temps.
Au Sud et au Nord, les unité voisines poussent de l'avant devant un ennemi en retraite sentant la menace qui grandit sur son flanc droit par la rive droite du Neckar et sur ces arrières par les blindés du C.C.5 avançant sans désemparer.
- A 9 heures, alors que le 1er Bataillon tout entier est rassemblé
dans Ditzingen, la 2e Cie. franchit la voie ferrée
au Sud avec mission de se porter sur la cote 338 et ultérieurement
sur Weil im Dorj.
La 3ème Cie. devra suivre et la dépasser. Mais
l'ennemi est encore là. Nous n'avons pu avoir de renseignements
précis sur les positions qu'il occupe, sur l'emplacement
de ses batteries. Les prisonniers français libérés
ne savent rien ! Progressant par un fond de ravin, la Cie. DELERUE
dépasse l'autostrade et n'est plus qu'à 800 mètres
de la cote 338. A ce moment un véritable déluge
de feu s'abat sur elle. L'artillerie ennemi crache de partout.
Minens de 88, des obus de D.C.A. éclatent au dessus des
hommes. C'est un barrage infranchissable. On ne peu que chercher
à s'abriter. Les hommes utilisent pour cela des bâtiments
agricoles dispersés sur le terrain. Mais les obus les poursuivent
jusque là. L'un d'eux pénètre par une fenêtre
et tue toute l'équipe du F.M., les Enfants de Choeur sont
merveilleux de calme, un autre éclate au-dessus d'un groupe
de mortiers. Les tirs ne se limitent pas à cette zone !
Ditzingen en reçoit sa part. Un Escadron du 3e Spahis
traversant la ville est pris à partie par l'artillerie
ennemie dès son débouché derrière
la gare. Allons-nous assister à un massacre ? Durant plus
de 2 heures le déluge de feu continue. D'autre part les
allemands qui sont restés derrière et embusqués,
mitraillent tout ce qui bouge. Le Sous-Lieutenant BOURGEOIS, l'Officier
de renseignements, échappe par miracle à la mort,
une rafale de balles venant s'écraser sur le pare brise
de sa voiture.
- Vers 12 heures
30, cependant le tir se calme et la 2e Cie.
trop en l'air se réinstalle sur l'autostrade. Elle panse
ses plaies et compte ses morts et ses blessés.
8 tués,
9 le soir après la mort du Caporal PUGET, et 8 blessés.
Tel est le bilan de cette matinée.
- Le 21 avril, dernier jour de combat pour le 1er Bataillon
a coûté cher ! Heureusement les autres Cies. n'ont
pas souffert du bombardement. La journée s'achève
sous la pluie. Tout le monde a le coeur serré. Au soir
le 2e Bataillon dépasse le 1er et pénètre
sans difficultés dans Stuttgart dont la porte a
été ouverte le matin par le 1er Bataillon, grâce
à l'esprit de sacrifice et au stoïcisme de sa 2e Cie.
qui sera citée toute entière.
- Le 22 avril
1945, Stuttgart est
prise. En pointe de la 3e D.I.A. , le 1er Bataillon a magnifiquement
participé au succès. En 3 semaines de combats, de
veilles et de fatigues.
A nos côtés le 7e RCA et la 5e DB qui nous ont appuyé avec leurs blindés.
Le 49° RI a été de Spire à Stuttgart capturant près de 400 prisonniers et un nombreux matériel.
La prise de Stuttgart fut l'objet d'un différant avec les américains qui devaient l'occuper dans le cadre de leurs opérations. Le général de Gaulle a donné l'ordre de rester sur place, et après un échange de courriers avec le Général Devers puis le Général Eisenhower et enfin le Président Truman, l'incident a été oublié.
Trois à quatre jours après, cet incident sera noyé dans les joies de la Victoire.
Pour nous, la campagne d'Allemagne est terminée, la guerre est finie. La fin des hostilités sera fêtée par des salves d'armes automatiques le 8 mai 1945 et la capitulation de l'Allemagne sera ratifiée par les alliés à Berlin le 9 mai 1945, le Général De Lattre de Tassigny représentant la France.
- Le 8 juillet 1945. Les américains relèveront le régiment qui quittera Stuttgart
Un peu de mélancolie nous pénètre au lendemain des combats et des succès. La vie que nous avons menée si ardente pendant toute cette période nous parait fade maintenant. Une tâche cependant demeure. Il nous faut garder cette volonté farouche qui nous a donné la victoire et l'appliquer à l'oeuvre du temps de Paix.
Le Bataillon ne faillira pas à cette tâche. Avec le Régiment tout entier dans les apothéoses de Stuttgart, de Constance le 15 juin, de Paris le 18 juin et de Berlin où il défilera avec les alliés pour le premier anniversaire du 8 mai, en 1946.