- Du Rhin au Neckar avec le 1er Bataillon -

 

- Le 30 mars, Regroupé à Runtzenheim en attente du départ vers le nord, les hommes se préparent en vue du mouvement qu'ils sentent proche.

- Le franchissement du Rhin -

Tiré du livre de René Giraudon : CFP- 49RI-"Vers la Vicrtoire"

Il ne reste plus pour la 3e DIA qu'à exécuter l'ordre reçu. C'est elle qui est le plus au nord du fameux créneau que la 1re Armée a pu enfin occuper ; au-dessous d'elle, aux abords de Germersheim, la 2e DIM a disposé, à deux kilomètres d'intervalle, le 151e RI et le 4e RTM, chacun avec une trentaine d'embarcations. Plus bas, à côté de Leimersheim la 9e DIC, mais qui est sans moyen de transbordement.
La 3e DIA n'a pu amener à Spire, pour commencer, que le 3e RTA, le 3e RSAR et le 7e RCA. Ni l'artillerie, ni le génie ne sont encore là. Pourtant il faut traverser. Et traverser là, pour éviter la barrière des massifs du Lusshardt.

- Le 31 mars 1945, à 2 heures 30 du matin, un premier radeau pneumatique est lancé, sans bruit, propulsé à la pagaie par deux sapeurs, emportant dix tirailleurs du groupe franc du 3e RTA. Ils abordent l'autre rive à 600 mètres en aval, emportés par la force du courant. Aucune réaction des guetteurs allemands. On recommence. Trois autres radeaux pneumatiques sont arrivés et mis en service. A 5 heures 30, le groupe franc entier a traversé.
Le I/3e RTA le suit peu à peu, mais à partir de 8 heures, les Allemands se mettent à tirer à la mitrailleuse d'abord puis l'artillerie s'y met : 4 des radeaux sont coulés. Mais le 1er bataillon des tirailleurs est déjà de l'autre côté et y installe une solide tête de pont profonde de 5 kilomètres et large de 4. Les pontonniers décident donc de construire ici le pont de bateaux prévu initialement devant Germersheim où le barrage allemand a rendu le fleuve infranchissable : seule une fragile tête de pont y sera finalement établie.

En fin de soirée, l'artillerie et les éléments lourds du 3e RTA consolident définitivement la principale tête de pont.

le 1er Bataillon du 49e RI est en alerte quand arrive l'ordre de se porter sur Gommersheim, à l'ouest de Spire. Le mouvement s'exécute en deux temps : le 31 mars, des reconnaissances et la 2e Cie, rejoignent Gommersheim en camion.

- Le 1er avril, Le reste du 1er Bataillon rejoint également en camions, et par Seltz-Lauterbourg pénètre en Allemagne, non sans émotion en voyant le panneau "Ici l'Allemagne".
A l'arrivée à 2 heures 30, le Bataillon s'installe et prépare le cantonnement, ce qui ne sera pas utile, la situation évoluant rapidement.
Étant donné cette situation, le 1er Bataillon est alors dérouté sur Spire où il arrive à 12 heures.
Il cantonne dans une caserne, et une école ménagère.


- Le 1er avril, le Capitaine PAMBRUN, Aumônier du régiment, célébrera la messe de Pâques dans la cour de la caserne.

- Le 2 avril, pendant que les hommes dorment, le P.C. où l'on veille est alerté, et à 10 heures les conditions du passage sont notifiées.

Le 2e bataillon commence sa traversée à 11 heures, puis à partir de 17 heures, c'est au tour du 1er bataillon de passer le Rhin. 
 

Il paraît que le commandant du Génie de l'Armée, le Général Dromard, se doutant des difficultés que nous aurions dans ce domaine avait depuis longtemps rassemblé en France les «portières» et tout le matériel indispensable pour établir un pont. Et c'est un spectacle étonnant de voir le génie construire à un rythme accéléré mais selon une méthode rigoureuse, sans arrêt, ni perte de temps, un pont de bateaux..

La CB1 passe en voiture sur le pont de bateaux terminé direction Saint - Léonles compagnies retrouvent leurs véhicules acheminés par le pont de Mannheim. La 2e Cie. arrive à Saint-Léon après plusieurs heures de marche. Des hommes de la 3e section cherchent dans l'ombre une maison pour se délasser en attendant l'aube. Les habitations sont désertes, les gens sont réfugiés dans les caves. La section a de la chance, elle est cantonnée dans un bureau de tabac. Le stock est dénombré et un camarade se charge de la répartition au sein du groupe. Les hommes pourront fumer à discrétion car la ration est abondante.
Le propriétaire craint pour le sort de sa famille ! Il apporte du vin, du lait, une galette, enfin tout ce qu'il a de meilleur à offrir pour essayer de calmer la haine que la fatigue a excitée chez ces soldats.
Petit à petit, femmes et enfants, les yeux gonflés de pleurs, quittent les caves et remontent, ils semblent ne pas comprendre l'attitude pacifique à leur égard, car ils s'attendaient à voir surgir des sauvages et ils se trouvent en face de gens humains qui ne combattent que le boche en armes.

Début mai 2006, dans un documentaire télé : "Les dissidents des Caraïbes", un intervenant présent dans la 1e Armée fait remarquer que la propagande Allemande avait dit que les noirs de l'armée française étaient des canibales. Ce qui explique le comportement des habitants de St. Léon.
Un autre intervenant rappelait que dans la 3e DIA, les Américains n'étaient pas très appréciés, car eux et les Anglais se sont cassés les dents au mont Cassino et que c'était eux qui l'avaient conquis avec les Tabors Marocains.

Il faut aussi penser à se reposer, car la journée du lendemain sera sans doute très dure. Les hommes s'allongent dans les lits moelleux de la maison et ne tardent pas à s'endormir.

- Le 3 avril, La C.A.1 traversera le Rhin à Spire, sur le pont de bateaux terminé. A Saint-Léon, les hommes passeront également par le bureau de tabac et ce serra pour eux la joie de fumer des cigares avant de s'installer pour la nuit. Ils sont fatigués et un bon repos va les remonter pour la journée à venir.

- Dès le 3 avril, Les ordres pour le 1er Bataillon étaient de se porter sur Mingolsheim en prenant l'autoroute Karlsruhe-Mannheim. A 8 heures les premiers éléments quittent Saint-Léon et arrive sur l'autostrade. Après 4 kilomètres, ils prennent la route Kronau-Mingolsheim.

La mission définitive est donnée au chef de Bataillon à 10 heures :
Le 1er Bataillon devra progresser sur l'axe Mingolsheim - Oestringen - Eichterheim - Michelfeld pour :
- assurer au nord la liaison avec la 101ème D.I.U.S.,- nettoyer le cas échéant la région boisée au nord de l'axe de marche, - appuyer les américains si besoin.
Vers 12 heures les hommes du 1er bataillon lourdement chargés arrivent à Mingolsheim, la marche est pénible avec les souliers U.S. Il sera difficile dans de telles conditions d'avoir une progression longue et rapide ; aussi, des charrettes sont réquisitionnées sur place et transporteront les paquetages jusqu'à Stuttgart.

La progression reprend à 14 heures dans de meilleures conditions de part et d'autres et sur la route de Mingolsheim à Oestringen. L'entrée dans ce village se fait à 15 heures ce sont des prisonniers français libérés qui accueillent les premiers éléments et les américains qui leur remettent 10 prisonniers allemands. Le bataillon continue sa progression sur Eichterheim - Michelfeld qui sont atteints vers 16 heures.
A peine l'installation commence-t-elle que l'ordre arrive de pousser sur Elzens. La pluie tombe avec la nuit. Les hommes n'en peuvent plus mais les 2 Kms. qui restent à faire sont quand même parcourus en maugréant un peu. Les initiés cantonnent au hasard, car Elzens est bondé. Outre le P.C. du régiment, il y a des unités du 7e R.C.A. et des américains. tant bien que mal, tout le monde se case... et s'endort, l'étape a été longue : plus de 30 Kms.

Plan des opérations

- Du 3 au 4 avril, Dans la nuit, le 3 e Bataillon, Capitaine DAZET, par une poussée hardie, a réussi à atteindre Eppingen défendu par le 4e Bataillon de fusiliers. Dans une brillante opération de nuit, ce bataillon a pénétré dans Eppingen et en a occupé une partie, faisant 40 prisonniers, sans parvenir à déloger les allemands d'un réduit central et de la voie ferrée qu'ils tiennent solidement. En outre, de nombreuse armes automatiques ennemies sont installées aux lisières Nord et Ouest du Hart Wald et l'ennemi disposant d'excellents observatoires, agit par son artillerie et ses minens sur tout mouvement qui se révèle.

La mission de la section HENON (Stanis) 10e Cie. commandée par le Lt. BERGASSOLI Bat. DANGOUMAU

- Le 3 avil 1945, (Récit de Georges HENON (Stanis). En fin d'après midi nous étions à quelques kilomètres de la ville d'Eppingen, accompagnés de chars, mais les éléments retardataires ennemis, avaient réquisitionné les civils pour sabler la route, afin de crér un doute : elle pouvait être minée. De ce fait le chef des chars refuse de s'engager. Le commandement décide donc d'envoyer l'infenterie.
Nous étions à 1,5 km des premières maisons d'Eppingen. L'ordre est d'attaquer en fin de soirée, le dispositif était le suivant :
Au centre, la section HENON, pour pénétrer par la rue pricipale, bordée de maisons sur environ 500 mètres, jusqu'à l'objectif fixé à la 10e compagnie, renforcée par un groupe de mitrailleuses de la section engins commandée par l'adjudant BATAILLE.
De chaque côté une section : côté gauche, la section commandée par l'Aspirant MEREL, pour fouiller les abris et essayer de capturer les fuyards, côté droit la section du Sous-Lieutenant SOUFFLES avec les mêmes consignes.

Mais voilà qu'une arme automatique placée au centre des maisons, balaye la route ; nous progressons dans les fossés de part et d'autre de la route.
A la tombée de la nuit, nous atteignons les premières maisons en dispositions pour le combat de rues, c'est à dire, un groupe à droite qui fouille chaque maison, un groupe à gauche même mission, le 3e groupe avec moi ( Hénon) à gauche, pour surveiller la rue et le groupe de la mitrailleuse en réserve ; pendant notre progression l'arme automatique continue à balayer la rue.
Etant au centre des dispositifs, en accord avec les deux chefs de section, j'essaye de prendre contact radio avec mon 536 (talki-walki) auprès du Commandant d'unité, afin de lui annoncer notre progression. Le Lieutenant BRAGASSOLI était resté plus loin que notre base de départ et la distane étant trop grande je n'obtiens pas le contact.
Etant au centre du dispositif, toujours en accord avec les deux chefs de sections, je prends le commandement de l'ensemble de la progression pour atteindre l'objectif qui nous était fixé, c'est à dire le premier virage où nous devions nous poster en défensive, en prenant la route principale en enfilade avec nos armes automatiques.

Après avoir atteint la première maison, je décide de tirer moi-même avec le lance grenades VB, par la fenêtre du premier étage, dans la direction du départ du tir : l'arme automatique se tait, nous continuons notre progression ; à mi-distance de notre objectif, le chef de groupe de droite m'annonce : «Venez voir chef, il ya deux blessés dans la cave» ; je me déplace côté droit et j'aperçois sur deux lits, les deux blessés, ils avaient été touchés par le VB ; avec eux il y avait un soldat valide avec un chien berger très méchant : par mon interprète je lui fais savoir que si le chien faisait un mouvement j'avais deux balles pour eux dans mon révolver.
Nous avancions avec, derrière nous, la compagnie qui devait continuer la progresion et nous devions les appuyer en cas de coup dur. Cette unité était commandée par le Lieutenant ADER, qui ne faisait que me harceler d'aller plus vite, ses hommes étaient l'arme à la bretelle, je lui ai répondu que je commandais jusqu'au virage, après quoi, il ferait ce qu'il voudrait une fois que la 10e compagnie aurait atteint son objectif.
La compagnie ADER continua la progression sans fouiller les maisons. Au petit matin, faisant confiance à l'infanterie, le Commandant des chars (spahis algériens), décide de traverser Eppingen ; dans le secteur contrôlé par la compagnie ADER, un élément ennemi était resté dans les étages et les chars traversant tourelles ouvertes, l'ennemi caché tire un Panzerfaust dans un char qui prend feu au centre d'Eppingen.

Tiré du livre de René Giraudon "vers la Vicrtoire"

- Le 4 avril, La mission initiale du 1er. Bataillon était de se porter, à partir de 6 heures, dans le Birkenwald à 2 Kms. au sud d'Elzens, prêt à renforcer et dépasser le 3ème Bataillon. Le mouvement s'exécute dans les conditions fixées, et à 8 heures le bataillon entier est dans le Birkenwald. La 2 ème Cie. en occupe les lisières Sud-Est, la 1e est à la bifurcation de la côte 193, la 3e est installée dans la partie Nord, le long de la route.

Le 1er bataillon reçoit alors la mission d'appuyer l'action du 3e bataillon pour la prise d'Eppingen en débordant le village par le Nord sur les côtes 193 et 215. Ultérieurement il devra se rabattre sur la voie ferrée. Le terrain est particulièrement difficile pour une opération d'approche qui peut se transformer en attaque, non pas tant par les obstacles qu'il présente, mais par le fait qu'il est absolument découvert et exposé aux vues dominantes de l'ennemi. En outre il impose quatre ou cinq passages de crêtes. C'est la 2ème Cie, la compagnie SOUCHET, renforcée d'une section de mitrailleuses de la CA1 qui va avoir l'honneur de marcher à l'ennemi en direction de la croupe 215. Elle sera couverte sur sa gauche par la 3ème Cie. compagnie HENRAT également renforcée par une section de mitrailleuses. La 1ère Cie, compagnie SAINT-MARTIN restera initialement en réserve à Birkenwald.

Le Commandant LAIMEY (C.C.5-5ème D.B.) pense ne pas pouvoir attaquer Stetten avant le déminage des routes et remet au 5 avril à 6 heures l'attaque prévue pour le soir du 4 avril.

- A 8 heures 30, la Cie. SOUCHET débouchant du Birkenwald entame sa progression et se déploie. L'état d'esprit est excellent particulièrement depuis le Rhin. Les chasseurs quoique fatigués, car depuis 2 jours ils ont parcouru 60 Kms. se trouvent dans le climat spécial qui caractérise une troupe victorieuse et apte par son esprit offensif à se battre avec calme, discipline et ardeur.

Le franchissement de la première crête s'effectue sans incident et à 9 heures 30, la croupe 238 a été reconnue inoccupée. La progression est lente, mais c'est une obligation car les hommes ont eu une instruction réduite au cours des opérations des Vosges et d'Alsace. Il est nécessaire que les chefs de groupe prennent exactement leur place et imposent aux hommes le maintien des distances et intervalles. Cette matinée sera une véritable séance d'instruction dont tous vont profiter. Très vite, la nécessité des formations diluées, de l'utilisation du terrain et de l'emploi de l'outil va s'imposer à tous.

-A 10 heures 15, dès le passage de la deuxième crête, des tirs de minens se déclenchent. Les sections, par petits groupes espacés de 15 à 26 mètres, s'infiltrent, franchissent rapidement la crête, se regroupent dans les thalwegs et reprennent la liaison avec les autres éléments.

- A 10 heures 30, les mortiers allemands et l'artillerie (calibre 88 et 150) exécutent des tirs très précis qui suivent la progression pas à pas. Les déplacements de tirs sont remarquables ! Il semble que les obus soient placés comme avec la main au milieu du dispositif. Malgré la fluidité de celui-ci, ces tirs causent les premières pertes de la journée : 2 tués, SEVA, démineur de la CB1, HEREILLAT Louis de la 2ème Cie. et 1 blessé : BARON sergent (démineur).

- A 11 heures, la 2ème Cie. arrive à proximité de son objectif : la route d'Eppingen à Richen. Les premiers voltigeurs de tête sont accueillis par des tirs d'artillerie et des feux nourris d'infanterie provenant des hauteurs à l'Est de la voie ferrée.

L'ennemi a évacué la croupe 215  y laissant des armes et des équipements, mais il interdit absolument tout débouché de l'objectif.
Des maisons d'Eppingen, des tirs balayent la route de Richen.
L'ordre est donné aux sections de s'organiser défensivement sur l'objectif car Eppingen n'est pas encore prise.

- A 12 heures 30, la Cie. SOUCHET passe provisoirement sous les ordres du capitaine DAZET Cdt. le 3e Bataillon pour le nettoyage d'Eppingen.
Le reste du 1er Bataillon doit pousser rapidement sur Stebbach , l'occuper et se préparer à attaquer en direction de Stetten avec l'appui d'un sous groupement de chars du C.C. 5 (5ème D.B.), le sous-groupement LAIMEY.

Pendant que le Bataillon va se porter en direction de Stebbach, l'action de la 2ème Cie. se poursuit. La situation est difficile. L'objectif est sous le feu de l'ennemi. La progression continue cependant sur la gauche de la Cie qui s'infiltre et réussit à atteindre à 15 heures avec quelques éléments la voie ferrée d'Eppingen à Richen.
Tout le monde s'enterre et creuse. A la nuit , la voie ferrée est tenue sur toute sa longueur malgré le bombardement ennemi qui fait 4 blessés. La nuit est calme. Les hommes se sont enterrés et lorsqu'au jour le bombardement reprend, moins violent que la veille, il n'y a pas de perte.

- Le 5 avril, à partir de 6 heures la Cie. SOUCHET participe au nettoyage maison par maison des lisières Sud et Est d'Eppingen. C'est à un véritable combat à la grenade qu'elle se livre. 37 prisonniers sont faits et conduits au P.C. du 3e Bataillon.

- A 7 heures, la Cie. SOUCHET est remise à la disposition du 1er Bataillon. Elle décroche à partir de 8 heures le long de la route d'Eppingen à Streichenberg profitant du brouillard matinal. Elle atteint Stebbach, déjà enlevé par une autre unité du régiment, où elle prend un repos bien mérité avant de se porter en fin de journée dans le bois à 2 km au Nord-Ouest de Stetten où elle va bivouaquer pour la nuit.
Pendant ce temps au 1er Bataillon, lorsque l'ordre de pousser sur Stebbach est arrivé, la 3e Cie. HENRAT se trouvait au Nord de la côte 238. Elle progressait en s'infiltrant vers son objectif : la route d'Eppingen à Richen. Quelques tirs d'artillerie suivaient son avance sans causer de pertes. La 1e Cie. était toujours dans le Birkenwald.

- A 12 heures, exécution de la nouvelle mission donnée au 1er Bataillon, la 3e Cie. se porte sur Stebbach où elle recevra de nouveaux ordres. La 1e Cie. ira au château de Schomberg.

Le mouvement s'exécute rapidement malgré l'activité de l'artillerie ennemie. La Cie. HENRAT atteint la gare de Stebbach puis voulant éviter la route Richen-Stebbach battue par les allemands progresse sur les pentes Nord-Est de cette route, arrive à Stebbach à 14 heures et trouve le peloton de T.D. CIVET du 7ème chasseur (Escadron GUTH). La Compagnie a subi quelques pertes au cours de sa progression. Le Sergent-Chef BIBIA a été tué près de la gare de Stebbach. Le village est calme. Les T.D. des chasseurs sont embusqués aux sorties du village face à l'Est. Le Chef de Bataillon arrive avec la Jeep radio et l'aspirant PUJOL peu après la Cie. HENRAT. Au cours de cette opération il est fait 73 prisonniers.

A Stebbach, le Lieutenant commandant le peloton de T.D. montre au Chef de Bataillon un char Tigre allemand caché sur le Sonnenberg . Les T.D. ne réussissent pas à le détruire et il disparaît. C'est alors un déluge de 88 et de "Minens" qui tombent sur Stebbach obligeant les hommes à se terrer dans les caves tout en surveillant ce qui se passe. Pendant la liaison radio du Commandant avec le Colonel, un obus éclate au dessus de la Jeep, blesse le conducteur et l'Aspirant PUJOL est mortellement touché.

Un autre obus atteint le P.C. du Bataillon qui est vide en cet instant. La 1e Cie. qui arrive au château de Schomberg subit aussi quelques pertes causées par les tirs de l'artillerie ennemie. Jean HEREILLAT est tué, comme son frère de la 2e Cie. l'a été le matin même. A 18 heures, le sous-groupement LAIMEY (C.C.5) de la 5ème D.B. arrive à Stebbach ce qui provoque une accentuation des bombardements.

Le feu ennemi se calme. Les hommes se mettent en défense renforcée et la nuit se passe plus tranquille que la journée qui a coûté au Bataillon 5 tués et 16 blessés.

L'ennemi a installé une solide résistance qui passe par Eppingen, le Hart Wald, le Sonnenberg, Stetten.

Stetten et les hauteurs à l'Ouest sont tenues par la 198e D.I. ainsi que les lisières Nord du Hart Wald. Ces troupes ont pour mission de tenir coûte que coûte, et en cas d'attaque avec des chars, de les laisser passer et d'arrêter l'infanterie. Trois Cies. ont été repérées à l'Est de Stetten.

Pour attaquer Stetten, le sous-groupement LAIMEY partant de la gare de Gemmingen devait se porter sur le haut du Sonnenberg, puis sur Stetten. La 3ème Cie. occupant le Sonnenberg, après leur passage, serait dépassée par la 1e Cie. allant à Stetten.
Les chars modifient leur marche, ils progressent de part et d'autre de la route de Gemmingen-Stetten, en négligeant le Sonnenberg et atteignent Stetten qu'ils incendient. Ainsi, l'attaque du Sonnenberg sera menée par la Cie. HENRAT qui ne disposera que d'un peloton de T.D.

- Le 5 avril 1945, à H-15, la préparation d'artillerie et de mortiers se déclenche sur le Sonnenberg et les lisières Nord du Hart Wald.

- A 6 heures, la 3e Cie. débouche de Stebbach dans un dispositif très dilué. La progression est stoppée dès son début par une forte concentration de feux d'armes automatiques et d'artillerie.
Les T.D. réagissent et reprennent leur avance. La 3e Cie. à son tour, par bonds courts suivis d'arrêts longs, progresse peu à peu en direction du Sonnenberg . Les armes automatiques tirant sur le flanc droit des sections sont peu à peu débordées en utilisant au maximum le terrain qui présente une succession de bosses et de creux. Quelques obus destinés aux T.D. suivent la progression sans faire de pertes à la Compagnie dont chaque mouvement est pris à partie. La 3e section est plaquée au sol. Le Sous-Lieutenant SAUBION qui la commande a la gorge traversée par une balle, son adjoint le sergent-Chef CAYROU est également blessé.
Le Commandant de la 3e Cie. trouve un passage hors des feux ennemis, il y fait passer le reste de sa Compagnie pour contourner les défenses allemandes, tirant de l'Ouest, et dégager la 3e section. La section SARAZIN appuyée par 2 T.D. parvient à distance d'assaut sans avoir été vue de l'ennemi. Elle enlève la crête du Sonnenberg et redescend les pentes Est. Elle tue 20 allemands et ramène 12 prisonniers. Les hommes sont déchaînés et font sortir les allemands à coups de pied dans le c... Les prisonniers courent vers l'arrière terrorisés. Ils sont persuadés qu'ils vont être fusillés.

La 2e section s'installe sous une réaction violente du feu ennemi. Les balles sifflent venant du Sud et de l'Ouest faisant 2 tués : LEBARON et MAINVIELLE. Les obus arrivent beaucoup plus denses.

Les allemands tirent même sur ceux des leurs qui blessés, sont transportés par leurs camarades. Il fait vraiment chaud sur le Sonnenberg ! Malgré le feu ennemi, la 3e Cie. fini par occuper la plus grande partie du Sonnenberg.
Les obus tombent plus dense.

Le chef du peloton des T.D. est descendu de son char pour se porter sur la crête. Il est blessé à la cuisse par un éclat d'obus.

Le docteur RODGE et l'aumônier FOURNOU se déplacent au mépris du danger pour soigner et assister les blessés et les mourants. La côte 256 est encore occupée et le commandant de la 3e Cie. constitue avec le Sous-Lieutenant COME un groupement qui attaque cette portion du Sonnenberg et réussit à réduire les armes automatiques au silence.

Le Sonnenberg est alors complètement conquis. La Cie. se réorganise bien qu'étant gênée par le tir d'une( auto-canon. Le Sous-Lieutenant BARJON prend le commandement de la Section SAUBION.
Durant cette journée, une autres unité du Régiment fera tomber Eppingen et capturera 80 prisonniers.

L'opération a durée toute la matinée mais à 11 heures la Cie. HENRAT tient solidement le Sonnenberg et doit souffler un peu. Elle doit être dépassée par la 1e Cie. qui débouche de Stebbach quand l'ordre arrive de gagner rapidement Stetten afin de libérer le Sous-Groupement LAIMEY appelé à une autre mission. C'est encore la 3e Cie. qui va se porter sur Stetten suivie de la 1ère.

Le Chef de Bataillon la devance afin de prendre contact avec le Cdt. LAIMEY. Le Lieutenant MULLER, le Sous-Lieutenant BOURGEOIS et le Sous-Officier de liaison d'artillerie partent en Jeep avec le Commandant et la Jeep radio les accompagne. Les voilà partis sur la route de Gemmingen à Stetten . Les balles suivent les 2 Jeeps. Ils ne s'en aperçoivent pas et Bourgeois fait remarquer que la route est peut-être minée.
Ils débouchent dans Stetten alors que des rafales d'obus tombent sur le village en feu. Ils ont juste le temps de mettre les Jeeps à l'abri.

La 3e Cie. repérée dans son mouvement, est prise à partie. Un passage en contre-bas de la route Gemmingen-Stetten lui permet d'atteindre une centaine de mètres à découverts à l'entrée de Stetten qui sont franchis homme par homme sous les balles et les obus. La 3ème Section est encore éprouvée, le Sous-Lieutenant BARJON est tué par un éclat d'obus.
Les premiers éléments de cette Cie. arrivent à Stetten à 12 h 15, et à 12 h 50, les chars du C.C. 5 peuvent repartir vers l'arrière, mais ce mouvement attire sur le village un fort tire d'artillerie.
Quand les derniers chars s'en vont, il en sautera sur la route de Gemmingen , les tirs de l'artillerie ne se ralentissent pas et causent des pertes : Le sergent-Chef CHARRAZ de l'E.M. du bataillon est tué par un obus.
Les hommes s'installent dans les caves, les guetteurs restant aux armes automatiques.

La 1e Cie. a rejoint la 3e et le bataillon sauf la 2e Cie. occupe Stetten. Vers le soir, l'ennemi ralentit ses tirs et la nuit passe calmement , éclairée par l'incendie des maisons.

Cette deuxième journée a coûté cher 5 tués : S-Lt. BARJON de la 3ème Cie.,S-Chef CHARRAZ de la CB1,MAINVIELLE et LEBARON de la 3e Cie., ABORESSI de la 1ère Cie.
14 blessés dont le S-Lt. SAUBION de la 3e Cie.

- 6 avril 1945, au lever du jour, les patrouilles du 3e Bataillon lancées d'Eppingen dans la direction de Kleingartach, annoncent l'abandon du Hart Wald par l'ennemi. Le 1er Bataillon doit se porter initialement au sud de Stetten sur Niedershofen et la côte 265.

- A partir de 7 heures, la 2e Cie. qui a passé la nuit dans un bois à 2 Kms au Nord de Stetten, traverse cette agglomération et avance sur Niedershofen. Elle est accompagnée par une section de mitrailleuses de la CA1 et 2 T.D du 7e R.C.A. La 1e Cie. avec l'autre section de mitrailleuses de la CA1 et un groupe de 2 T.D. se dirige sur la côte 265.

Le village de Niedershofen est rapidement atteint et occupé. Le 1er bataillon doit se porter sur Haberschlacht et Brackenheim et peut-être jusqu'au Neckar. En 3 colonnes il prend la direction de Brackenheim. Au Nord la 3e Cie. par la côte 322 et Neipperg. Au centre la 1e Cie par les côtes 265 et 336, ainsi que Haberschlacht qu'elle ne devra pas dépasser. Au Sud la 2e Cie. par Niedershofen, Haberschlacht, Brackenheim.
A 9 heures, l'escalade du Heuchelberg commence. Lente au début, la progression s'accélère. Les démineurs et les T.D. restent en arrière, leur marche étant ralentie par la recherche des Mines et des abattis importants qui retardent la poussée en avant. Les hommes excités par l'idée d'arriver au Neckar le soir même, oublient leur fatigue des jours précédents. Le sommet du Heucheleerg est rapidement atteint par les 3 colonnes et la descente sur Brackenheim commence.
Le Bataillon fonce. Les hommes sont contents, ils chantent.

- A 12 h 30, la 2e Cie entre dans le village d'Aberschlacht pavoisé de drapeaux blanc, la 3ème Cie approche de Neipperg. Après un temps d'arrêt à la sortie du village, la 2ème Cie. reprend sa marche en avant. Et bientôt apparaissent les premières maisons de Brackenheim pavoisées également de drapeaux blancs. Une jeune fille s'avance au devant des hommes avec un drapeau blanc. La municipalité attend devant la Rathaus, et reçoit chapeau bas le chef de Bataillon, qui prend la Mairie comme P.C. On s'organise rapidement dans le village. Les renseignements recueillis confirment la présence de l'ennemi plus au Sud.

- A 15 heures 10, un officier de la 5e D.B. se présente au P.C. du Bataillon. Venu de Grosgartach par Nordheim et Nordhausen avec ses éléments blindés il a été obligé de stopper la marche de ses véhicules sur les routes minées. Avec une patrouille il a poussé de Durrenzimmer sur Brackenheim où la liaison s'établit avec le Bataillon.

- A 15 heures 30, la 3e Cie. qui n'a cessé de marcher à toute allure pénètre elle aussi dans Brackenheim, à la suite de la Cie. SOUCHET.

Foncer ! telle a été l'idée qui a poussé tout le monde au cours de cette journée. Ils voulaient arriver au Neckar qui n'est plus qu'à 6 kms. mais à Brackenheim, l'ordre est donné de ne pas aller plus avant. Même les radios ont voulu foncer au mépris des mines, malheureusement celle-ci se vengent et la Jeep saute à 1.500 mètres de Brackenheim. Le Lieutenant MULER Cdt. la C.B.1 est heureusement préservé par un allemand qui se trouvait devant lui et qui est tué par l'explosion. Les occupants de la Jeep sont blessés. La journée n'est pas finie. A 18 heures il faut pousser des patrouilles sur Botenheim et Meimsheim.
La Cie. SOUCHET va sur Botenheim qui est occupé. L'accrochage est sévère. Il faut à la tombée de la nuit envoyer une section dégager la patrouille et ramener un blessé. Cependant, le mordant des hommes a produit son effet et dans la nuit l'ennemi se replie.

A Meimsheim, c'est la Cie. HENRAT qui envoie également une patrouille. Celle-ci est accueillie par des coups de feu, mais les hommes sont déchaînés et plutôt que de rester en contact, ils attaquent. Une quarantaine d'allemands s'enfuient de la localité laissant 6 des leurs entre les mains de la patrouille. Meimsheim reste acquis et la prise de ce village place le Bataillon en pointe de la 3ème D.I.A.

Cette journée du 7 avril qui s'ouvre sera une des plus dures de la campagne. Les hommes commencent à sentir le poids de leur fatigue et se ressentent de la journée victorieuse de la veille.

Le régiment doit s'emparer du Stromberg entre Eibensbach et Bonnigheim. Le fait saillant de la journée sera l'attaque et la prise de Cleebronn par le 2e Bataillon, tandis qu'à sa droite, le 3e Bataillon, et à sa gauche le 1er Bataillon, s'efforceront de l'aider dans l'action qu'il mène.

A cet effet le 1er Bataillon doit, d'après les ordres reçus, s'emparer de Botenheim et de Meimsheim, ce qui est fait et pousser une reconnaissance de 2 sections sur Bonnigheim.

A la sortie Sud de Meimsheim, la route est interrompue par deux fortes coupures. Un groupement du C.C.5 est arrivé en fin de nuit dans Meimsheim mais se trouve arrêté par les destructions qui ne seront réparées qu'à 12 heures. Cependant les 2e et 3e Compagnies occupent complètement Botenheim et Meimsheim, la 1e Cie. arrivant d'Haberschacht avance vers la ferme Bellevue.

L'ennemi qui tient les hauteurs du Stromberg réagit immédiatement avec son artillerie, 88-minens-150, arrosant toute la croupe 211 au Sud du village. La progression est difficile.

Cependant une section conduite par le Lieutenant SAINT MARTIN, réussit à atteindre la ferme en s'infiltrant par des cheminements défilés. Cette ferme est occupée par l'ennemi qui abandonne la position.

Une autre section progresse le long de la route Meimsheim-Bonnigheim vers la ferme. Le reste de la Cie. est maintenu aux lisières de Meimsheim.

- A 12 heures, les chars débouchent. Cela nous vaut un déluge d'obus. Le P.C. et l'observatoire du Bataillon installés à la côte 211, sont largement assaisonnés.

- A 12 heures 30, la manoeuvre pour la prise de Cleebronn se déclenche. Le Bataillon doit s'efforcer de progresser vers les côtes 244 puis 394 (Michelsberg) et sur Bonnigheim.
La 2e Cie. ( SOUCHET) essaie de déboucher de Bonnigheim, en vain, tout mouvement sur ce glacis est repéré et immédiatement pris à partie.

De l'observatoire du Bataillon on voit le groupe progresser dans un chemin creux. Mais une rafale d'obus arrive le stoppant et faisant des tués et des blessés. Le Capitaine SOUCHET "DAGOBERT pour la radio" est blessé à la jambe. Il ne veut pas se faire évacuer avant d'avoir un successeur. C'est le Capitaine DELERUE, Adjudant Major, qui prend le commandement de la 2e Cie. et la conduira à Stuttgart.
SOUCHET est évacué et rejoindra la Compagnie à Stuttgart après deux mois d'absence.
Tandis que la 2e Cie. s'efforce en vain de déboucher sur le glacis au Sud de Botenheim, la 1e puis la 3e Cie. avancent, non sans pertes. Le Sergent-Chef AIGUILLON abrité dans un trou est tué par l'éclatement d'un minen.

- A 15 heures, en même temps que les blindés du C.C.5, la 1e Cie. pénètre dans Bonnigheim en flammes. Deux sections s'y installent, pendant qu'une autre tient la ferme Bellevue où le P.C. du Bataillon se porte rapidement. L'ennemi continue ses tirs. Il fait très chaud dans le secteur. Des hommes sont blessés à la ferme Bellevue. DUFOUR de la 1ère Cie. est tué.

Progressivement, la 1e Cie. puis la 3e Cie. arrivent à Bonnigheim où se trouve le groupement du C.C.5 et où arrivent ensuite les tirailleurs du 4e R.T.T. L'ennemi est encore aux portes Sud de Bonnigheim.

Un essai de se porter sur la croupe 163 - 315 se révèle impossible si des moyens sérieux ne sont pas donnés au Bataillon car cette croupe est bien tenue. Des chars allemands venus de Hohenstein ont même tenté vers 16 heures une contre attaque contre Bonnigheim.

Le Bataillon sauf la 2e Cie. restée à Botenheim, s'installe pour la nuit à Bonnigheim. Le P.C. est à l'institut international des sourds-muets. La ville flambe et la nuit est éclairée par la lueur des incendies. La journée a été dure, pénible et lourde. Est-ce le poids de la fatigue ? plutôt le fait que le biche résiste plus durement qu'on ne le pensait. Et puis ces tirs de l'ennemi très ajustés qui suivent chacun des mouvements des unités sont désespérants. Où est notre artillerie de contre-batterie ? Les pertes du Bataillon ont été lourdes durant cette journée ; 7 tués et 12 blessés au moins car tous ne se sont pas fait. évacuer.

La 1e Cie. a eu 4 tués : Sergent-Chef AIGUILLON,
les 2e classe : BROUE, BRUMONT, DUFOUR.
A la 2e Cie. c'est AZNAR et le Caporal CHARAMNAC,
A la 3e Cie. : MORASSIN
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Le régiment s'apprête à partir vers le Sud.
Les 1e et 3e Cies. ont occupé la croupe 263, la 315 évacuée pendant la nuit à la suite de la prise de Cleebronn par le 2e Bataillon et d'une menace du 3e Bataillon progressant sur la crête du Stromberg.
Mais à 8 heures, l'ordre est donné de remonter vers le Nord.

 

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© Yves Salmon - 26 août 2002
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