- Libération du Sud-Ouest -

 

L'étoile du C. F. P - 49 RI
(Edition 1944)

     Préambule.
Pour raconter cette histoire, j'ai puisé dans des documents qui nous ont été remis après la guerre, principalement sur le 1er Bataillon auquel j'ai toujours appartenu. Les renseignements sur la résistance dans le Sud-Ouest de la France son tirés d'un document pédagogique édité par la Préfecture du Gers avec l'autorisation du webmaster du site. Des informations sont également tirées du livre "Le Corps Franc Pommiès" du Général Marcel Céroni et de René Giraudon avec leur autorisation.

- La Résistance dans le Sud Ouest -

 

En juin 1940, la France vient de subir la plus grande défaite de son histoire. La France est occupée par les allemands au nord de la Loire la partie sud est la "zone libre". Le Maréchal Pétain va obtenir les pleins pouvoirs et instaurer "l'État Français", installé à Vichy . Il aura une politique de collaboration avec les allemands. Les français font confiance au vainqueur de Verdun chez qui il a une forte popularité.
Cependant, de Londres un général peu connu, Charles de Gaulle secrétaire d'état à la défense lance le fameux appel du 18 juin 1940 qui sera peu entendu en France. Il demande à tous les français de continuer la lutte contre l'occupant. Cette volonté de combattre se manifeste chez certains français, ils seront les premiers résistants qui au cours des années suivantes seront de plus en plus nombreux, et efficaces. Leurs moyens sont modestes et pour lors peu de français ont la même pensée.

Dans le sud-ouest, en zone libre, la situation est la même. Diverses formes d'opposition dispersées ne peuvent former un mouvement de résistance. Il faudrait que les divers résistants se regroupent pour être plus efficaces, ce qui est difficile, ne connaissant pas les amis potentiels. A Auch, de simple propos ont lieu au café Darolles entre amis d'avant guerre qui ont la même idée : refuser la défaite.

Préparée dès 1940, l'organisation de la résistance de l'armée (ORA) des généraux FRERE et  VERNEAU, vit le Corps Franc POMMIES devenir en son sein la plus importante et la plus homogène des formations militaires de la Résistance. Son épopée s'inscrit sur le terrain, des Pyrénées à Berlin, et dans le temps, du 17 novembre 1942 au 7 septembre 1945, défilé interallié de la victoire à Berlin.

- En 1941, suite à ces diverses attitudes va naître la résistance organisée, celle des civils dans une action de propagande contre Vichy et les allemands, tout en cherchant des contacts avec Londres, celle des militaires pour le camouflage des armes et du matériel en vue des combats ultérieurs.

- Au mois d'octobre 1941, le contact avec Londres est établi. Il est question d'un parachutage provenant de la France Libre. Un opérateur radio a été parachuté dans la nuit du 10 au 11 septembre 1941. Le 14 octobre, une autre opération a lieue à Fontsorbes.

 
Roger Krolik opérateur radio au P.C. de Rougemont

 - Les Premiers Ennuis -

- Le 23 novembre 1941, le radio parachuté en septembre est arrêté par la Sûreté de Toulouse. Il donne des noms. Plusieurs Personnes sont arrêtées à la suite de quoi, touché à sa tête, le mouvement du Gers va connaître un flottement et les ponts avec Toulouse sont coupés.

- L'Activité Secrète du 2e Dragons -

Les conditions de l'armistice de juin 40 autorisaient la conservation d'une armée de 100.000 hommes pour le maintien de l'ordre. A l'insu des allemands et de Vichy, son existence sous les ordres de chefs patriotes, allait permettre de préparer l'encadrement d'une future armée libératrice animée d'une flamme qu'il ne fallait pas laisser s'éteindre. Menant une vie normale en caserne et son instruction, Cette armée va mener une action clandestine à savoir le camouflage des armes et la constitution d'un fichier secret en vue d'une remobilisation.

 
 Véhicules camouflés


En septembre 1940, le 2e régiment de Dragons prend ses quartiers à Auch. A sa tête le Colonel SCHLESSER, chef du contre espionnage de l'armée avant guerre.

Dès l'arrivée du régiment des consignes sont données pour camoufler le matériel et les armes qui ont échappées aux allemands les mettant ainsi hors du contrôle des commissions d'armistice. Cet armement provient du Lot-et-Garonne, des Hautes Pyrénées et des dépôts du régiment. Des camions d'armes et de munitions venant de Tarbes, des automitrailleuses Panhard et des 202 Peugeot venant du Lot-et-Garonne sont pris en charge par des officiers du 2e Dragons. Ce matériel est transporté par des camions civiles dans les grands domaines où la place ne manque pas. Les armes sont dissimulées sous les combles, dans les caves et les granges où elles sont recouvertes de paille. Cette opération sera terminée avant la fin du 1er trimestre 1941. Ces actions vont de pair avec celle d'un organisme mi officiel, mi clandestin créé pour cette entreprise, le CDM, "Conservation du Matériel" pour le Bulletin Officiel, et "camouflage du Matériel" pour les initiés dirigés de Marseille par le Cdt. MOLLARD. En 1941 une équipe permanente est mise en place à Auch et le PC gersois du C.D.M. est à la Ribière. Le rôle de ce service, prenant le relais du 2e Dragons est de camoufler tout ce qui peut l'être. Cela va d'une roulante à du matériel d'optique. L'orphelinat de Monferran-Savès, reçoit en plus d'un stock de munitions, le matériel apte à équiper un hôpital de campagne.
Des civils participent à l'action du C.D.M. : fonctionnaires de la Préfecture, des Ponts et Chaussées, du Services de Santé, des Domaines et des particuliers.

Récit d'Albert STURNI confortant ce qui précède, Paru dans l'Étoile Noire N° 194.

STURNI, après avoir fuit son Alsace pour ne pas être mobilisé par les Allemands, arrive avec un copain en zone libre. Pour 
échapper au S.T.O., il s'est engagé pour 3 ans dans l'armée d'armistice et il est à la caserne du fort Lamothe à Lyon. 
Voilà qu'un matin, sans que je m'y attende, je suis convoqué par le commandant de compagnie, le Capitaine MATHON.
 J'entre dans son bureau, salue, puis retire mon béret de chasseur. L'officier me demande de m'asseoir. Alors commence un 
interrogatoire dont je suis, aujourd'hui encore, ébahi. Cétait la mise à nu intégrale. En quittant cet officier, je n'avais plus rien 
à cacher. Il savait tout : sur moi, sur mon patronyme qu'il soupçonnait être un pseudonyme, sur ma famille, mes antécédents, 
mes pensées, intimes, ma haine des nazis ... Mais bizarrement, aucune question sur le maréchal Pétain. Enfin, presque brutale, 
fuse la question : «Pourquoi t'es-tu engagé ? » - «pour servir la France, mon capitaine ! »Telle était ma réponse. Alors, le regard 
franc et direct de cet officier me transperce. Il se lance, alors en une lente péroraison : « Mon petiot, je ne sais pas ce qui va se 
passer. Personne ne le sait. Pour l'instant les Allemands sont les maîtres .... quoiqu'il arrive, tâche de rester en contact avec moi.... »
 Son regard alors me foudroie, puis, calmement , il ajoute : «Tu peux disposer, mon petit.» 
Il me tend sa main, je lui tends la mienne, il la retient quelques instants.... Je salue, puis quitte son bureau..... À quelques jours 
de là, après le "cuisinage" du capitaine, je suis désigné pour une corvée. Corvée bizarre. Nous nous retrouvons une bonne 
quinzaine ou vingtaine " d'Alpins " regroupés dans un immense hangar, un gigantesque magasin. Quatre ou cinq carrioles sont 
parquées là, chacune avec une bâche, donc prêtes à être recouvertes. On nous ordonne de charger de lourdes caisses sur ces 
charrettes. Caisses spéciales, toutes anonymes. Que contiennent - elles ? Personne ne pose de question. Nous rabattons les 
bâches, les ficelons, puis, les unes derrière les autres, nous les poussons vers le fond de la cour de la caserne, les descendons 
vers le terrain de sport situé en contrebas jusque derrière une rangée d'arbres et de haies. Des bâtiments de la caserne, on ne les 
voit pas. Cela me semble de plus en plus curieux. Nous cachons quelque chose... Dès le soir, puis le lendemain, la caserne est 
consignée et, que voit -on arriver débouchant du poste de garde ? Des officiers allemands et italiens ! 
Stupéfié, la peur s'empare à nouveau de moi. Ces "messieurs" doivent être à la recherche de tous ces insoumis alsaciens ou 
lorrains, de ces parias qui ont osé ... 
Non me dit-on, il s'agit de la "commission d'armistice". Ils viennent contrôler. Contrôler quoi ?
Le soir même, après la disparition de ces "messieurs", les charettes sont ramenées dans le gigantsque magasin, par les mêmes 
hommes de corvée que la veille. Périodiquement, les mêmes manoeuvres se répètent et, invariablement Allemands et Italiens 
viennent "contrôler". Je commence à saisir. Le capitaine a choisi ses hommes de confiance pour les corvées. Nous cachons des 
choses que ces "messieurs" doivent ignorer. Car nous cachons sûrement des armes interdites qui serviront bientôt contre 
ces "messieurs"....

 

- La Mobilisation Secrète -

L'armée de l'armistice se prépare à reprendre le combat en créant des groupes mobiles pour appuyer un éventuel débarquement des alliés. Pour ce, il faut augmenter clandestinement les effectifs autorisés par la convention d'armistice en établissant un fichier secret des hommes libérés en 1940 et 1941.
Le Capitaine de NEUCHEZE est chargé de l'opération au 2e Dragons et, le Capitaine POMMIES, futur chef du Corps Franc qui porte son nom, au 18e RI de Pau.
En novembre 1942, l'invasion de la zone libre par les allemands va réduire à néant tous ces efforts. L'ennemi s'empare en partie des dépôts de matériel mais il semble que les fichiers de mobilisation secrète soient préservés.
La volonté de résister qui se manifeste au sein du 2e Dragons portera ses fruits. De nombreux militaires entrèrent dans la résistance, entre autre au Corps Franc Pommiès qui à son origine s'appelait Corps Franc Pyrénéen, ce nom ne sera jamais utilisé mais pour simplifier on dira « Corps Franc P » ou C.F.P. D'autres rejoignirent l'armée d'Afrique au moment où elle reprenait le combat aux côtés des alliés.

- En février 1943, le C.F.P. comprendra :
- Un Chef (POMMIES) dont le P.C.et les transmissions sont à Toulouse et aura une base de repli à Fonsorbes chez son adjoint
(M. d'Aligny). Le capitaine du Temple de Rougemont est son chef d'état-major.

- 4 groupements :

- Au sud-ouest : (Landes, Hautes et Basses Pyrénées) sous les ordres du capitaine BENONY, Qui dispose à Tarbes de   l'école de   cavalerie de Saumure et du I-18e R.I. ; du II-18e R.I. à Pau ; du III-18e R.I. à Aire sur l'Adour.
- Au sud-est : (Haute Garonne , Ariège) sous les ordres du capitaine BARRY, des cadres du 23e R.I. de Toulouse.
- Au centre : (Gers) sous les ordres du capitaine de NEUCHEZE : une partie du 2e dragons bien encadrée. Avec PELISSIER,   POMMIES, cherche à créer un commandement unique du C.F.P.et de l'A.S. dans le Gers.
- Au nord-est : (Lot, Lot et Garonne, Tarn et Garonne) n'a pas encore de chef, A Agen, des éléments sont sous les ordres   d'ESTEGUIIL, A CAHORS, Maître SEGUY attend des instructions. Sur les ordres de MOLLARD, le C.D.M. de la 17e division   Militaire, peu fournir armement et véhicules suivant besoins. POMMIES a déja bénéficié des dépots risquant d'être à la merci de la Gestapo.

 

- Le 14 décembre 1943, la répression allemande s'est activée dans toute la région de Toulouse et dans le Gers, c'est l'O.R.A., Corps Franc Pommiès qui a été le plus touché.

 

- Le C.F.P. Dans La Résistance -

Pendant 21 mois, dans 10 départements du Sud-Ouest de la France, le C.F.P n'a cessé de harceler l'occupant. Il attendait avec impatience l'heure des vrais combats.
Les garnisons allemandes isolées tentent de se dégager et de gagner Toulouse. Ce sont alors les combats de la libération du Sud-Ouest menés par les Maquis du Corps Franc.

 

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© Yves Salmon-mai 2002 septembre 2004 février 2005
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