- Le C.F.P. dans la Lutte Ouverte -
1944

 

- Le 6 juin , le Commandement Français de Londres donne l'ordre de passer à l'insurrection générale.

Le Corps Franc appelle tous ses effectifs, soit 12.000 hommes, pour mener la guérilla, intensifier les destructions et la répression à partir du 8 juin.
La guérilla sous forme d'embuscades et de coups de mains, est dirigée par de petites unités, contre la Wehrmacht, la Gestapo et la Milice.
Les destructions visent la totalité des moyens utilisés par l'occupant : transport d'énergie, locomotives, trains, voies ferrées, usines, télécommunications, ponts.
La répression plus ouverte s'adresse à tous les agents, à tous les collaborateurs de l'ennemi, contre lesquels existent des preuves de culpabilité irréfutables.
Les résultats de ces actions multiples se font sentir au bout de 48 heures.
L'ennemi s'enferme pendant une semaine dans ses garnisons, évitant toute sortie. Puis il se reprend et organise la contre-guérilla au moyen de détachements mixtes variant de 300 à 2.000 hommes, comprenant de l'infanterie motorisée, des autos mitrailleuses, de l'artillerie et parfois de l'aviation.

- Après le 23 juin, sur ordre du Commandement Français les effectifs combattants du Corps Franc sont ramenés à 3.200 hommes . En même temps sont crées des dépôts de maquis, réserve de personnel qui doit être rappelée lors d'un nouveau débarquement, et versée dans les unités de maquis qui continuent à tenir la campagne.
Jusqu'au 14 août, les opérations se poursuivent sur un rythme ralenti mais implacable. Afin d'accroître son efficacité sur les points sensibles, le Corps Franc est regroupé :

d'une part dans la vallée de la Garonne, entre Agen et Castelsarasin,
d'autre part dans les Landes, le Gers, les Hautes et Basses Pyrénées.

Durant cette première période de maquis, l'activité du Corps Franc se mesure surtout au nombre de ses interventions contre l'ennemi.
En soixante-huit jours sont homologuées 88 attaques contre des convois ou des postes, 344 contre les télécommunications, les ponts, les moyens de transport et les lignes de force.

Enfin, il faut signaler qu'un peu partout les F. T. P. F; n'ayant pas reçu de parachutages de la part des Alliés, vont essayer par tous les moyens de se procurer des armes soit par la persuasion, soit par «prélèvement» dans les caches des autres organisations sans leur accord, soit enfin par la menace. Des heurts à la limite de l'affrontement armé se produiront.


- Actions dans La Lutte Ouverte -

 

A partir du 1er juin 1944, les "messages personnels" de la B.B.C. augmentent considérablement.
- Le 5 juin 1944, les messages suivants : " Véronèse était un peintre ", signifiant le déclenchement du plan vert, "Le père la Cerise est verni", ordonnant les opérations de guérilla contre les allemands, convenus depuis fin avril 1944, sont destinés au Corps Franc Pommiès.
Le rassemblement des hommes s'effectue dans la nuit même pour les petites unités. Les armes sont distribuées jusqu'à épuisement des stocks.
En l'espace de deux ou trois jours, c'est une mobilisation qui se déroule. Les rassemblements des grandes formations ont lieu en divers points dont les suivants pour le Corps Franc Pommiès
:

Région de L'Ariège.

à Foix et Pamiers, éléments du Bataillon de l'Ariège, et à St. Girons une Compagnie.

Région de Lectoure .

à Sempessere, P.C. du bataillon ERNST; à Larroque-Engalin, Compagnie DELARBRE-CANTALOUP.

Région de Gimont .

à Ste. Marie, P.C. du bataillon UNBEKANDT "GEORGES", compagnie PAPIN, section "D" LARRAT et RIVAL ;
à St. Sauvy, la compagnie GRATTARD.
Le maquis SERIN-GOUZY à Estramiac est rattaché au bataillon UNBEKANDT.

Région de Masseube - Mirande .

à Monlaur-Bernet : P.C. du bataillon CERONI "CELESTIN";
à St. Médard : groupe DENAT ; à Barcugnan : P.C. de la compagnie MARCHAL ;
à St. Ost : section LARTIGAU; à St. Michel : section BARBE.

Région de Riscle.

à Saint-Mont : P.C. du bataillon de MILLERET "CARNOT" ;
Entoures de Barcelone
: section de destruction VAXELAIRE : compagnie SARRAUTE-EYCHENNE ; compagnie DANGOUMAU ;
à Izotges : compagnie ALLAVENA.

Toutes ces unités ont pour mission de harceler l'ennemi et d'exécuter des sabotages sur les voies de communication et sur les lignes des PTT, c'est le plan vert.

- Evénements de cette Période -

 

Conformément à la mission qu'ils ont reçu, les maquis exécutent des sabotages dans leur zone d'activité sur les voies ferrées et les lignes téléphoniques. Ces opérations débutent dans la nuit du 7 au 8 juin 1944.

- Le 6 juin 1944, tous les éléments issus de la compagnie NAVARRO, de la brigade CERONI et du bataillon FRANCK constituant la 3ème Compagnie sont en place. Ils participent à de multiples combats, après s'être signalés pendant la période clandestine par des coups de mains audacieux sur les lignes de ravitaillement , sur les détachements isolés de l'ennemi, et par des destructions systématiques, telles que celle de la fonderie d'Hispano Suiza à laquelle à participé l'équipe de SARRAZIN, des lignes de chemin de fer ( compagnie SAUBION ) et sur des prisons de la Gestapo.

Cette période se termine aux environs du 25 août 1944. Elle est caractérisée par les combats de Castelvieilh du 8 juin, de Casteralou du 11 juin, de Monassut du 13 juillet, de la libération de Lourdes, de Tarbes du 18 août et le combat de Mascaras épilogue de la chute de Tarbes.

- Le 8 juin, dans la matinée un groupe du C.F.P. attend au carrefour de Mocassin sur la départementale N° 2, une liaison avec le P.C. POMMIES. Mais ce sont des véhicules allemands qui se présentent, occupés par des hommes en bleu de chauffe. Quand les hommes se rendent compte de leur méprise, il est trop tard.

Dans la clandestinité, la compagnie DE CHAZELLE porte le nom de Bataillon et en a l'effectif, mais par suite des pertes et des défections, cet effectif se réduit à celui d'une Compagnie.
- Le 9 juin 1944, cette unité ( future 1ère Cie du 1er Bat ) prend part aux opérations de lutte ouverte , en particulier à : Castelvieilh, Sarouille, Monassut, Soumoulou, Livron, etc.

 

Combats de CASTERA-LOU (Htes. Pyr.)

 

- Le 11 juin 1944, dans la matinée, la section BOUTIN ( adjoint SARRAZIN ) reçoit l'ordre de détacher des patrouilles sur les 2 routes constituant son secteur de surveillance. Ces patrouilles composées de 12 hommes partent à 14 heures 30. L'une est conduite par l'adjudant-chef TRESPEUCH suit la route nationale Rabastens-Tarbes, elle s'embusque à la cote 236 au carrefour de la N.21et de la départementale 119, Tosta-Castéra-Lou.L'autre prend position plus au nord, région d'Escondeaux avec le chef MOLGAT.

À 17 heures un convoi de plusieurs camions allemands venant de Tarbes (SARRAZIN donne le chiffre de 21 véhicules) se présente. Il avait été prescrit à TRESPEUCH de ne lancer l'attaque que sur le dernier véhicule afin de permettre le repli dans de bonnes conditions. La réussite de l'opération reposait sur la surprise, une action de courte durée et un repli rapide.

Le groupe est camouflé aux abords immédiats de la route, côté est. Les hommes voient défiler les véhicules remplis d'Allemands casqués et en armes. Leurs mains sont crispées sur leur mitraillette ou grenade, les nerfs tendus. Les camions défilent un par un ; l'attente du dernier véhicule paraît longue. Enfin Paul TRESPEUCH, croyant avoir à faire au dernier alors que deux autres un peu attardés suivent, courageusement se dresse et lance sur les occupants une grenade anti-chars. Celle-ci les pulvérise mais hélas ! la déflagration est telle qu'elle tue notre héroïque camarade. Les Allemands des deux derniers camions sautent immédiatement à terre et ouvrent le feu. Les hommes en embuscade désorientés par la mort de leur chef se replient à toute vitesse en direction d'un petit bois. Malheureusement le chasseur Louis MARQUES se heurte à une haie, il se retourne et se rend mais est abattu. Le chasseur Abel (ou René) GUILLEMET, après avoir pénétré dans le bois est mortellement atteint par une balle tandis que le chasseur CRISTOL est légèrement blessé à la tête mais réussit à s'échapper. Les autres à bout de souffle se terrent dans les fourrés cependant que l'ennemi tire systématiquement jusqu'à une heure avancée de la soirée.

Le lendemain, 12 juin, les corps des trois camarades sont retrouvés. L'ensemble de la section a rejolnt le P.C. à Castéra- Lou sauf quelques hommes dont le moral a flanché et qui sont rentrés chez eux.

- Le 15 juin 1944, une embuscade tendue par des éléments de la compagnie GRATTARD sur la R.N. 128 à Saint-Sauvy, tourne mal. Vers midi, une colonne allemande venant de la direction de Mauvezin, sans doute informée de la position du maquis a mis pied à terre assez loin pour surprendre totalement les résistants. Il n'y a pas de morts mais trois hommes : BARTHE, BERTAUD, LACROIX sont faits prisonniers et déportés en Allemagne après avoir été internés à Auch puis à Toulouse.

La réaction ennemie était prévue dans les plans du haut commandement, en effet, le plan "K" du Général KOENIG, commandant en chef des F.F.I. a prévu le repli dans les Pyrénées des maquis qui sous la pression ennemie ne pourraient plus tenir en plaine. Londres de son côté n'a pu fournir de parachutage depuis le jour "J", en raison des opérations de Normandie. Aussi le chef POMMIES dès le 16 juin a-t-il prescrit de nouvelles dispositions à ses troupes, pour prendre effet le 23 juin. Beaucoup d'hommes sont renvoyés dans leurs foyers, provisoirement. Il est prévu des "maquis mobilisateurs" qui doivent regrouper les volontaires au fur et à mesure que les moyens le permettront. D'autre part le Corps Franc est réorganisé en brigades en vue de l'occupation du maquis Béarn. En fait, les unités de l'O.R.A. si elles commencent leur mouvement de repli ne vont pas atteindre le massif Pyrénéen. Leurs effectifs épurés de moitié , elles reçoivent de nouvelles missions à compter du 1er juillet.
C'est ainsi qu'il revient à la brigade DERINES "LE MAGNY" formée en Lot et Garonne de se couvrir vers Auch . De son côté la brigade MILER "MALLART" qui se compose de deux petites compagnies, MARATIER "MARTIN" et GRATTARD "ROBBE" se voit confier des sabotages de voies ferrées et de télécommunications ainsi que le harcèlement sur les axes de circulation afin d'isoler Auch à l'ouest.
Un mois après le débarquement, le Corps Franc Pommiès recomposé, reste l'une des principales forces armées de la résistance.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1944, la section BOUTIN toujours cantonée à Castera-Lou reçoit un parachutage sur un terrain situé à 1 km au nord du village. Le message d'alerte était « je me lave les dents au cirage noir ». Ces armes sont les bienvenues car elles vont pouvoir équiper ceux des hommes de la compagnie seulement dotés de quelques grenades.

 

Combats de MONASSUT ( B.P. )

- Le 13 juillet 1944, les sections BOUTIN et VILLARD qui étaient cantonnées à Buros-Maindous ( Basses Pyrénées ) reçoivent l'ordre de se rapprocher de Morlaas en vue d'un gros parachutage. A 8 heures du matin, les 2 sections font leur mouvement. A midi, au moment de traverser la route nationale Morlaas-Lembeye l'adjudant-chef SARRAZIN s'aperçut qu'il manquait une voiture au convoi. Il fit arrêter les 2 sections et plaçât 2 guetteurs sur la route pour surveiller les mouvements.
Tout à coup un guetteur signale des voitures allemandes . En l'absence de BOUTIN et de VILLARD, SARRAZIN prend le commandement des opérations et donne l'ordre de mettre en batterie. Dès que la première voiture légère allemande arrive à environ 5 mètres de lui SARRAZIN fait feu de sa mitraillette et tue les 5 occupants. Il commande aussitôt feu pour tout le monde et les 4 voitures restantes furent neutralisées. Sur ces entrefaites arrive un convoi de 57 véhicules, 2 A.M. et 2 camions de miliciens. Le repli des 2 sections était impossible parce qu'il était trop tard et surtout que les allemands étaient trop nombreux.
SARRAZIN décida donc d'attaquer le convoi malgré la disproportion des forces. Le feu s'ouvrit lorsque le premier camion parut à environ 200 mètres des tireurs. Mais l'ennemi essaya d'encercler les sections et donna par 2 fois l'assaut qui fut repoussé.

Aussitôt après le deuxième assaut, SARRAZIN donna l'ordre de repli aux survivants et grâce aux sergent LORGUE et au chasseurs BOURTOUL, SARRADO et GIL, qui avec mitraillettes et grenades fixèrent l'ennemi, les autres purent se replier en emportant 2 blessés : le Sergent-chef CHOURRET Prosper et le Sergent SARRAZIN Charles. Pendant le repli Marcel LAMARQUE est grièvement blessé ainsi que Jean-Marie CLOS-PUCHEU. Dans l'impossibilité de bouger, ils seront achevés par leurs adversaires.
De même 7 autres camarades vont trouver la mort au coure de ce combat, ce sont : l'adjudant-chef BOUTIN, le sergent Pierre GAILLOT, les chasseurs Pierre CAZAUBON, Roger ABADIE, Gérard LANGELES, Jean-Louis LEBLEU et Paul AUBERT-SALLES. Tous ces corps seront retrouvés défigurés par l"ennemi.

Citations : Adjudant-chef SARRAZIN René, Sergent-chef CHOURRE, sergent SARRAZIN Charles, chasseurs BOURTOULE, SARRADO, GIL.

Pertes ennemi : 57 morts, 30 blessés.

- Le 14 juillet 1944, une douzaine de volontaires appartenant à la compagnie FRANÇOT du CFP, monte une embuscade à "Saint-Jean-de-Bazillac". Ils se placent de bonne heure près de la côte de la Hurée, sur la RN 124, à 7 kilomètres d'Auch. Vers midi, un convoi ennemi de six camions et des véhicules légers, se présente précédé d'un motocycliste. C'est une troupe de 80 hommes qui doit attaquer le maquis PEREGORT à Antras. Les maquisards font feu de toutes leurs armes au passage des premiers véhicules sans se douter que d'autres suivent assez loin en arrière. L'ennemi riposte de son mieux, appuyé par les éléments de queue qui tentent de contourner l'embuscade. L'ordre de repli donné par le chef HENON n'atteint pas trois hommes qui pris sous la mitraille ont trouvé refuge sous un ponceau partiellement éboulé et où les allemands ne les découvriront pas. Le groupe a perdu un homme au cours du repli, le chasseur BRU.
Les Allemands annoncent la perte du motocycliste, un adjudant de la feldgendarmerie. Mais les hommes cachés sous le ponceau les virent ramasser des blessés.

Les Allemands ont dressé des barrages dans le bourg de Jégun. Le chef MARATIER du C.F.P. qui transporte un suspect, un apprenti gangster, dans sa voiture s'y fait prendre. Ne pouvant se dégager, il saute les remparts. Le suspect est capturé par les allemands ainsi que le maquisard SPOHR qui en sautant s'est foulé la cheville. Ils sont emprisonnés à Toulouse jusqu'au 20 août 1944.

Photo de la ferme Pujos 12/07/44

Liste des présents sur cette photo communiquée par Georges Hénon ; De bas en haut et de gauche à droite :

Georges HÉNON alias Stanis ; BEAUVILLAIN, alias le grand ; René LALIBERT, alias royal ; Gilbert PARAGE, alias Péguy ; PAUL JOUVIN, alias le marseillais ; Marcel STREÏFF, alias boulet ; Armel LECALLONEC, alias Lorient ; Sylvain BOISSERAN, alias Gu ; LAURENT, alias Saint-Etienne ; Roger MAZET ; alias grand Jean ; Père MARTIN, alias l'ainé ; REBIERE, alias le pasteur ; Jean VIELCANCET, alias fives ; Hubert DARROUSSAT, alias Bita ; Yvan BRU, alias le tenor ; Jacques BASSIER, alias Lulu ; MALOCHE, alias le mataf ; Roger STRIEFF, alias la grenouille.
Absents sur la photo étant en service :
Théophile NAY, alias bidasse ; Jacques de POSTIS de HOUBEC, alias Matabiau ; Bernard LACLOTTE, alias champion ; LAURENT, alias Smith ; Patrick AUGER.

- Le 15 juillet 1944, accrochage à "Héréchou" : le véhicule de tête de la section FUMEL"PIGNADA" du C.F.P. en déplacement de Barran à Gaujac tombe sur un convoi allemand circulant sur la RD 40 qui le prend sous son feu. La voiture peut faire demi-tour, mais le jeune SCHREYER est tué.

- Le 26 juillet 1944, embuscade de Leboulin : un groupe de 7 hommes du C.F.P. de la compagnie FUMEL, dépêché de Sabaillan, attaque à la grenade et au fusil mitrailleur un convoi allemand sur la R.N. 124. Le chef WOLYNSKY a disposé les éléments d'attaque sur un tertre boisé dominant la route, qui à cet endroit forme un virage prononcé. Le choc est très violent. "Gammons" et "Mills" ( grenades américaines) s'abattent sur le premier et le second camion ; les occupants du troisième sautent à terre et prennent l'embuscade de flanc. Les maquisards se replient et perdent trois des leurs sous le feu des poursuivants.

Pertes officielles de l'ennemi : 3 tués, 6 blessés dont 2 grièvement.f

- Le 26 juillet 1944, opération allemande à Viella contre le P.C. MILLERET "CARNOT" du C.F.P. Une forte colonne venant de Pau abat deux hommes du maquis au carrefour d'Aurensan. Scindés en plusieurs éléments, les uns ratissent la campagne à la recherche de maquisards, d'autres vers le bourg de Viella où ce jour là faut-il préciser, le commandant de brigade MILLERET a convoqué ses chefs de compagnie. Deux hommes attendent à la ferme LABARRERE, sur la route, le lieutenant ALLAVENA "AUTERIVE" qui doit arriver de Lasserade. Ils sont surpris par l'irruption de la colonne ennemie. le premier DARRICAU, est tué ; son compagnon VARINI est capturé. Son cadavre sera retrouvé dans un champ quelques centaines de mètres plus loin. La liaison disparue, la voiture d'ALLAVENA va tomber sur les allemands.

Des groupes d'allemands battent les environs. Ils cernent plusieurs maquisards dont le chef TISON dans un bosquet. Ils se rendent sauf Sanchez RODRIGUEZ qui s'échappe et SERRANO qui est mortellement blessé. La ferme BELLARDE, siège du P.C. MILLERET réduit à quelques membres est également cerné, les occupants ont été avertis et le capitaine DANGOUMAU et les propriétaires font disparaître armes et documents. Les allemands ne trouvent rien , ils alignent contre un mur les époux BELLARDE, puis DANGOUMAU, et le jeune ABADIE sont emmenés à Viella. L'officier des détails DURRIEUX caché dans le chai de la ferme est trouvé et un soldat l'abat d'une rafale.

L'après-midi, les captifs sont rassemblés dans la cour du notaire Maître MAUR où ils sont triés. Les gens du pays sont relâchés. DANGOUMAU et ABADIE également grâce à des papiers professionnels.
Mais ALLAVENA, DERT, DUFAURE, GLANDA, LANINE, MENDOZA et TISON qui n'ont aucun moyen de défense sont emmenés au lieu dit "Le Pedouen", où ils sont mitraillés.
MILLERET , ne se trouvait pas le matin à son P.C. ayant passé la nuit chez M. WINTREBERT.

L'affaire de Viella a des prolongements du fait de la capture d'ALLAVENA et de ses compagnons. L'un d'eux, Gérard SCHMIDT, a échappé au peloton d'exécution mais est contraint de conduire les allemands à son maquis de Lasserade. Le contact est pris avec celui-ci qui accepte l'offre qui lui est faite par l'officier de la Wehrmacht : les hommes sont désarmés et repartent saufs sans être inquiétés.

La brigade CARNOT subit d'autres attaques des allemands d'Aire sur Adour et de Mont de Marsan.

- Le 2 août 1944, à Bernède : opération visant à nouveau la capture de MILLERET qui a passé la nuit au château de Galaudon en compagnie de DANGOUMAU. Le petit poste de surveillance placé à l'avant donne l'alerte suffisamment tôt pour permettre aux deux officiers de s'échapper. Mais les deux hommes de garde, ANFRAY et MARIOLE sont tués. Les allemands mettent la main sur un parachutage entreposé dans une dépendance du château.

- Le 15 août 1944, C'est le débarquement de troupes alliées en Provence.

L'heure des vrais combats est arrivée. Conformément aux ordres du Commandement Français d'Afrique du Nord, le C.F.P. rappelle ses dépôts de maquis et porte son effectif à 8.000 hommes. Sur les routes et les chemins les arbres s'abattent autour des grandes villes. Les ponts sautent, les voies ferrées, les lignes de transport d'énergie, les télécommunications sont systématiquement coupées. En même temps la Milice est durement attaquée. Elle s'effondre comme à Pau ou capitule comme à Tarbes.

- Le 15 août 1944, à Pessan : attaque du convoi de la Milice fuyant le département. La résistance était au courant depuis la veille. Des embuscades tendues sur la route de Toulouse n'ont rien donné. Une section C.F.P. de la compagnie de FUMEL "PIGNADA", postée sur la R.N. 626, intercepte le convoi vers 10 heures.
Sous le coup de la première grenade, la colonne stoppe, les miliciens se répandent sur les bas-côtés, ripostant au jugé. Le responsable du groupe estimant qu'il ne peut se maintenir devant le nombre de miliciens, ordonne le repli.

Un convoi allemand s'est mis à la poursuite de maquisards du groupe MURGUET opérant une réquisition d'automobile. Deux sont tués : Roger LECHES et André TAILLEFER ainsi que le jeune Bernard SEGUIN de la localité.

- Le 16 août, à Bellegarde-Adoulins, embuscade tendue par un groupe de la compagnie de FUMEL "PIGNADA" à un convoi allemand arrivé d'une direction opposée à celle prévue. L'engagement a lieu dans de mauvaises conditions mais se révèle meurtrier pour l'ennemi. Le maquis perd deux hommes, CADIOU et METEL. Une partie de ce convoi allant sur Auch est pris à partie par un groupe de la compagnie GRATTARD aux lacets de Miramont. Deux maquisards sont tués : le chef de groupe CASSE et le jeune CARPI. L'ennemi perd 5 tués.

- Le 17 août 1944, a lieu une conférence d'État-Major des F.F.I. à laquelle assiste le chef régional, le Colonel RAVANEL. Ne sachant pas ce que vont faire les allemands, il est décidé de les attaquer où ils se trouvent, dans la ville d'Auch.

- Le 17 août 1944, attaque au cours de leur relève des postes allemands qui contrôlent l'accès de la ville de Cahors, attaque qui provoque l'évacuation de la garnison allemande. Celle-ci est attaquée à nouveau au cours de son repli au lieu-dit les Sept-Ponts.

L'ennemi perd : 58 tués, 100 blessés, 80 prisonniers.

- Le 18 août 4944, c'est le coup d'audace qui libère la ville de Montauban .

L'ennemi perd : 60 tués, 200 blessés, 85 prisonniers.

- Le 18 août 1944, à 17 heures 30, un ordre d'opération en vue de resserrer l'investissement de la ville d'Auch est lancé, adressé simultanément aux formations C.F.P., C.F.L. et aux espagnols. L'attaque de la garnison est fixée au 20 août. Il appartient au corps franc du bataillon SOULES, commandé par le Lieutenant TACZANOWSKI, de la légion étrangère, de s'infiltrer dans la ville le premier.

- Le 18 août 1944, libération d'Auch.

- Le 18 août 1944, A l'instigation du Lieutenant Jean RICHARD, ancien pilote d'essais à l'usine Fouga d'Aire-sur-Adour, le Capitaine Charles PECASTAING sur ordre du commandant MILLERET et après entente avec M. PERILHOU, directeur de l'usine fait procéder à la remise en état d'un Morane 315. Le 21 août, cet avion exécute sa première mission sur la région nord de Mont-de-Marsan où il va lancer des tracts sur les troupes allemandes.
Progressivement, ce groupe va comprendre :

- 2 Moranes 315,
- 1 Luciole
- 7 Mauboussins 129 (dont un sera livré au «Groupement Patrie».

Ces avions seront d'un précieux concours pour MILLERET lors de sa marche vers Bordeaux puis vers le Médoc, pour ses liaisons et ses reconnaissances. La photo représente l'escadrille CARNOT devant un avion, il y a : le mécnicien HURLIN, le pilote Charles PÉCASTAING, Jean MILLERET, et le pilote Jean RICHARD.

- Le 19 août 1944, Le lieutenant-colonel de ROUGEMONT, qui a son PC à la villa Fould est prévenu qu'un délégué du général MAYR cherche à rencontrer un représentant de la Résistance, à condition que ce soit un officier en tenue militaire. A 11 heures, le commandant PLAUD et le lieutenant RAMIN en uniforrme, rencontre le délégué du général MAYR en civile. Après l'entretien le principe d'une réddition est accepté. Le négociateur allemand pose comme condition qu'elle s'effectuera sous la seule direction d'une autorité militaire, le général ne voulant pas se rendre à des formations appartenant à des partis politiques. Tout paraît favorable pour une capitulation sans problème. Or, des éléments FFI, incontrôlés sentant les Allemands prêts à quitter Tarbes, circulent en ville et des coups de feu sont tirés sur le quartier Larrey où le général MAYR a son P.C. Une fusillade s'ensuit et la gestapo quitte l'Hôtel moderne pour rejoindre le quartier Larrey. Devant ce climat insurrectionnel, le général a sans doute pensé que la reddition n'allait pas se présenter suivant les conditions prévues. De plus l'arrivée au quartier des chefs de la Gestapo a dû faire pression sur les militaires afin de rejoindre Toulouse par tous les moyens.
Le P.C. de Rougemont attend en vain le délégué de la garnison. Vers 16 heures 30, le convoi allemand quitte le casernement . Cette colonne comprend l'unité de protection bien armée, dont une auto mitrailleuse , la feldgendarmerie, les aviateurs du camp d'Ossun, la Gestapo, des personnels civils, quelque cheminots et un service de santé avec ambulance, soit environ 40 véhicules et 350 personnes.
Cette colonne sort de la ville par Séméac et prend la direction de Toulouse sans être inquiétée, l'inquiétude est levée. Il est permis de penser que l'intervention des FFI incontrôlés a fait capoter la reddition de cette garnison.

Le terrain d'aviation d'Ossun en août 1944 est sous les ordres du lieutenant BRYER . Son interprète URVIEZ est en relation «d'affaires» avec le lieutenant RAMIN, marchand de bois mais également officier de renseignement du chef de ROUGEMONT. Des liens s'établissent entre les deux hommes et URVIEZ fini par devenir un agent de RAMIN. Des tractations ont lieu par téléphone pour la reddition du camp. Le commandant BRYER accepte de remettre le camp et ses installations mais à une autorité militaire de la Résistance. Il laisse à ses soldats la liberté de se rendre et ceux qui le souhaitent de rejoindre la garnison de Tarbes.
Toutes les conditions ayant été acceptées par les deux parties, le 19 août au matin, deux camions avec une trentaine de soldats, précédés d'une V.L.,rejoignent Tarbes. Le camp est aussitôt occupé par le chef PUCHEU, rallié au CFP, la compagnie MONNIOT, avec ses hommes et un groups de FFI. Les 17 aviateurs restés sur la base sont désarmés et conduits au camp d'internement de Ger. Les Allemands ont laissé un canon anti-aérien de 20 mm en bon état qui est remis au groupe GACHIS. Dans les hangars de la base on trouve un avion Dewoitine 520 en partie démonté. Il va être remis en état de marche en trois jours. L'avion piloté par DORET est pris en charge par le CFP le 23 août 1944 par une note de service des industries aéronautiques. L'étoile noire du CFP est apposée sur le fuselage. Il effectuera quelques missions de reconnaissance établis par le chef PLAUD ancien commandant d'un groupe aérien d'observation en 1940.

Témoignage de Gaston ABADIE, ancien de la 7e Cie.

- Le 19 août 1944, Depuis le 6 juin 1944, la 7° Cie. du 1° bataillon, brigade CERONI du CFP, opère dans les secteurs de Trie-Castelnau-Magnoac. Opérations diverses, parachutagess, harcèlement des convois allemands par embuscades sur les routes. Le 18 août 1944, elle est appelée à tenir le secteur de la côte de Pietat sur la N 117. Forte de deux sections, 25 hommes, équipées d'un fusil-mitrailleur anglais BRAND avec 600 cartouches, un mortier de 50mm, avec 40 obus, le reste est équipé de fusils canadiens et mitraillettes STEN plus grenades et explosifs.
Le 19, nous abattons des arbres dans la côte et les piégeons avec des grenades. Les compagnies du CFP, LAGRANGE et BARBE tiennent les Côtes de Mascarras et de Lhez . D'après les renseignements, nous pensons,que la garnison allemande forte de 350 hommes va quitter Tarbes pour rjoindre Toulouse et le gros de l'armée ennemie par RN 117.
Le 19 à 19 heures, la colonne de 40 camions motos et blindés se présente au bas de la côte. Deux de nos hommes, RAPA et ESCUER placés en sentinelles lancent chacun une grenade sur les premiers élément, puis se replient sur notre position.
Nous sommes échelonés derrière la murette de la chapelle de Pietat et prenons en enfilade le dernier tronçon de route, champde tir idéal pour le fusil-mitrailleur. Le mortier avec ses voltigeurs, dont je fais partie, est placé à l'ouest du mur. Les allemands dégagent la route avec leurs blindés. Nous en profitons pour tirer au mortier dans les lacets de la côte . N'ayant aucun moyen de réglage, nous envoyons les obus à vue. Quelques instants après, les premiers élémennts de la colonne se présentent à l'entrée de la ligne droite avant le sommet.
Immédiatement, le fusil-mitrailleur entre en action, appuyé par toutes les armes individuelles. Les motos de tête et les premiers camions sont criblés de balles. En hurlant, les occupants qui ont échappé aux tirs, boulent dans les fossé, essayant de nous contourner. La puissance et la précision de nos tirs les en empêchent. Le combat dure jusqu'à 22 heures, mais manquant de munitions, nos chefs nous ordonnent de décrocher. Chacun pour soi, ou par petis groupes, nous nous évanouissons dans la nuit. Point de repli, notre base de départ Goudon Cabanac. Seul le fusil-mitrailleur, ses deux servants et les Lieutenants VERGNE et NUNES tirent les dernières artouches. Le lendemain matin, ayant passé le reste de la nuit dans la côte, la colonne ennemie reprend sa progression laissant sur le terrain plusieur morts, armes, ravitaillement, trois camions endommagés et la Citroëne de Peter Blinder chef de la Gestapo. Un obus de mortier, tombé sur le capot, ayant décapité le feldwebel qui la conduisait. Les chefs et quelques hommes revinrent sur le terrain. Quant à nous, cachés dans les maïs et le long des haies, nous assistions au démarrage de la colonne, qui au bout de 3 km est violemment attaquée par les autres unités du CFP.

Notre repli nous conduit dans la côte de Lhez où nous assistons à la suite des opérations. Lors de notre embuscade, nous avons eu la chance de ne pas avoir subi de pertes. Dans l'après midi à la suite des combats de Lhez avec cinq de mes compagnons, nous faisons des prisonniers. Ils venaient fou de rage, d'incendier trois maisons et brûlèrent un de nos blessé au lance-flammes, le chasseur CAMPANINI de la Cie.SOULES, plus deux femmes et deux enfants. Quatre d'entre eux furent exécutés sur les lieux de leur crime. Pendant le combat, j'abattis un feldwebel, les autres étant des SS. Une cinquantaine de prisonniers furent conduits au PC du Commandant CERONI à Peyriguere. Au cours de ces combats, le général allemand MAYR et le colonnel KUNZ, furent blessés et conduits à l'hôpital de Tarbes.

Au sommet de la côte de Pietat, face à la Chapelle, vous trouverez encore à l'auberge, dont les tenanciers furent les témoins involontaires de ces évè nements tragiques, des objets sur le chambranle de la cheminée, traversés par les balles.

Témoignage de Gaston ABADIE, ancien de la 7e Cie. Ces témoins étaient camouflés dans la cave.

Extrait de l'étoile noire N° / 181 du 3e trimestre 2006.

Henri RAMOND se souvient...

Le samedi 19 août : Nous partons à vélo, avec FELIX pour tenter de récupérer une « Juva 4 » abandonnée lors de l'embuscade montée contre des miliciens du Château de Lartigole, entre Pessan et Castelnau Barbarens.
Après avoir fait plusieurs fois le tour de la « Juva » pour nous assurer qu'elle n'avait pas été piégée nous y montons les vélos et rejoignons, sans encombre le dernier campement de « l'Ombre de Durban » au sud d'Auch.
Dès notre arrivée, il se murmure que les allemands avaient quitté Auch. Il faut aller voir. Ne connaissant pas Auch, nous y sommes conduits par Imé CAMPAN ( Héréchou ), à vélo, encivil, sans armes, le brassard à Etoile dns la poche. Quelques klomètres avant Auch nous trouvons une barricade montée avec des cailloux et des arbres à l'abri de laquelle se trouve positionné un fusil-mitrailleur en direction d'Auch. Nous demandons si les allemands sont toujours à Auch. Personne n'est au courant. Un km et demi plus loin une deuxième barricade est positionnée, celle ci en direction de Tarbes. Nous demandons , également s'ils étaient informés de la présence ou non des allemands à Auch. Il parait qu'ils sont partis ! Je leur dis « Au cas où ils reviendraient ne vous tirez pas dessus»
Enfin, nous approchons d'Auch. Tout paraît calme. Arrivés sur la place, de nombreux auscitains en habits de dimanche font une ronde bruyante. Nous sortons nos brassards. Nous sommes pris aussitôt par la foule et nous chantons la Marseillaise. Tout le monde veut nous garder, mais nous n'avons pas terminé notre mission. Arrivé à Durban, nous informons, c'est officiel, les allemands ont quitté Auch. Mais où sont-ils passés ?
Avec autorisation, je prends la petite moto, la 125 avec laquelle je me déplace et vais renconter le boulanger qui nous fournissait le pain. Là, on a vu passé des allemands en convoi mais on ignore le nombre de camions.

Le dimanche 20 août : L'occupant est arrêté du côté de l'Isle Jourdain; Nous allons l'attaquer. Nous partons l'après midi avec 3 camions. En passant à Gimon nous chantions tous le Chant du Départ. La population nous regardait, incrédule, certains applaudissaient. Arrivés à la ferme à l'ouest de l'Isle Jourdain, nous constatons que les allemands sont au Château avec leur PC. Nous apercevons les camions arrêtés jusqu'au pont de la Save.
Les ordres sont donnés, chacun prend position à son poste. Moi, je sers un mortier de 50 ( encore un ! ) et BARATON (Tyness) est à l'autre. nous nous installons sur le point le plus haut qui est le fumier de la ferme. Nous venions de recevoir ces mortiers lors d'un récent parachutage. Pour son transport, le tube de 50 se repliait su sa base équipée d'un niveau à bulle et d'un percuteur. PIGNADA vient me trouver et me demande de mettre ma montre à l'heure. Après avoir placé la base de niveau et réglé la hausse, à 7 heures, je dois tirer le premier obus qui sera le signal de l'attaque. À 7 heures, le premier obus, un fumigène tombe en plein sur la cible, alors feu à volonté. Cela a duré 2 à 3 minutes. Un ordre arrive. Cessez les tirs ! l'ennemi se rend ! En effet les allemands arrivent par petits groupes escortés par nos camarades du CFP, les camions de munitions explosent. Un vrai feu d'artifice. À 8 heures tout est fini, les premiers prisonniers ( plus de 150 ) sont face au mur les mains sur la tête, casques, ceinturons et armes enlevés. C'était une grande joie pour tous.

PS : BAUMON ( Besançon ) blessé par balle et le colonel allemand blessé par éclat de mortier ( de 50 ) furent évacués dans la même ambulance.

- Les 20 et 21 août 1944, le Corps Franc, en liaison avec le Bataillon de l'Armagnac, attaque à l'Isle Jourdain, la colonne allemande forte de 400 hommes constituée de l'ancienne garnison d'Auch.
Les allemands ayant reçu l'ordre de se replier sur Toulouse, le commandant FOURNIER, officier de renseignement du bataillon de l'Armagnac, venant à Auch, le matin, constate que les allemands sont prêts à quitter la ville ce que confirment les Ponts et Chaussée.
Le dispositif F.F.I. est alors changé en toute hâte. Le bataillon de l'Armagnac, se met en mouvement vers 13 heures.
L'après-midi les allemands quittent Auch. Ils rencontrent de sérieuses difficultés sur leur parcours et des embuscades à Giscaro, Monferran-Savès et entre les deux passages à niveau de l'Isle-Jourdain. Ces accrochages déclenchent l'alerte du bataillon CASANOVA du C.F.P. Quand le bataillon de l'Armagnac atteint l'Isle-Jourdain, les allemands sont bloqués au pont de la Save. La résistance locale a édifié un barrage de fortune en plaçant une machine à vapeur en travers de la route ; Des volontaires lislois en assurent la défense avec quelques armes individuelles. La nuit tombante achève de dissuader l'ennemi bluffé par cet obstacle.
La colonne Nord du bataillon de l'Armagnac, est à pied d'oeuvre vers 21 heures. Le Capitaine MESSIN qui la commande place ses effectifs le long de la R.N. 654, face à l'Ouest. On signale déjà un vif engagement de patrouilles, les "Armagnac" ont 1 tué et 5 blessés mais font 1 prisonnier. La colonne Sud venant de Samatan prend position à son tour. Dans la nuit, la compagnie BAFFERT du C.F.P. (Bataillon CASANOVA) s'est également porté sur les lieux. Ces 2 éléments tiennent ensemble la rive droite de la Save.

- Le 20 août 1944, au matin le convoi s'étale le long de la route de part et d'autre du passage à niveau de la "Coume". Le Capitaine PARISOT tente une négociation qui échoue. Il accorde un délai de 3 minutes et se retire. Les allemands prennent leur disposition de combat. Le délai expiré, PARISOT fait ouvrir le feu. alors débute une journée de durs combats.

L'ennemi cherche à se dégagé vers l'Est mais toutes ses tentatives sont bloquées par les tirs des "Armagnacs" et de la compagnie BAFFERT du C.F.P.
En fin de matinée, PARISOT devant la pugnacité des allemands, demande du renfort au Colonel HILAIRE, à ce moment-là à Auch. Le chef POMMIES venu retrouver ses officiers de CLERCK et MILLER, au quartier Espagne est sollicité.

- A 14 heures, MILLER dépêche les compagnies MARATER et GRATTARD sur les lieux du combat. Elles vont compléter le dispositif ami au Nord et au Nord-Ouest du château de la Coume, point d'appui de la défense allemande. Le bataillon FRANCO de la brigade LE MAGNY s'est porté vers l'Ouest de part et d'autre de la route de Razengues. Les chefs du C.F.P. confèrent avec l'adjoint de PARISOT, le Capitaine MONNET. Il est décidé que leurs unités déclencheront l'attaque générale à 19 heures 30, heure à laquelle les forces du bataillon de l'Armagnac cesseront le feu afin d'éviter de tirer sur les éléments amis.

L'assaut, précédé des coups redoublés des mortiers sur le site de "La Coume" , est donné à l'heure dite. Sous la pression des compagnies AMSLER et de FUMEL, l'ennemi faiblit et les premiers prisonniers sont faits. Le camion citerne flambe et celui des munitions explose mis à feu par les Allemands. Enfin la reddition entière du convoi, toute la troupe se rend sur ordre de son chef après avoir brûlé la moitié de ses véhicules. Les F.F.I. récupère beaucoup de matériel.

Dans cette action de l'Isle-Jourdain, les F.F.I. ont eu 9 morts et 28 blessés.

Chez les allemands, 7 officiers dont 1 Colonel, 185 gradés et soldats ont été faits prisonniers dont 60 blessés. De nombreux morts ont été dénombrés sur le terrain.

Cette opération est l'une des mieux réussies du Sud-Ouest, grâce à la rapidité dans l'exploitation des renseignements et à une manoeuvre de grande ampleur, reposant sur une bonne coordination des forces C.F.L. et O.R.A. dont le C.F.P.

Témoignage de Henri Raymond (négus).

Le dimanche 20 août : Arrivés à la ferme à l'ouest de l'Isle Jourdain, nous constatons que les Allemands sont au Château avec leur PC. Nous apercevons les camions arrêtés jusqu'au pont de la Save.
Les ordres sont donnés, chacun prend position à son poste. Moi et BARATON servons deux mortier de 50 reçus lors d'un récent parachutage. pour son transport, le tube de 50 se repliait sur sa base équipée d'un niveau à bulle et d'un percuteur. Après avoir placé la base de niveau et réglé la hausse, à 7 heures je tire le premier obus, un fumigène tombe en plein sur la cible, alors feu à volonté. Cela a duré 2 à 3 minutes. Un ordre arrive. Cessez les tirs ! l'ennemi se rend ! . En effet les Allemands arrivent par petits groupes escortés par nos camarades du CFP, les camions de munitions explosent. A 8 heures tout est fini, les premiers prisonniers (plus de 150) sont face au mur les mains sur la tête, casques, ceinturons et armes enlevés. BAUMON (Besançon) blessé par balle et le colonel allemand blessé par éclat de mortier, furent évacués dans la même ambulance.

Extrait de l'étoile noire du 3e trimestre 2006.

Compagnie d'accompagnement du 1er bataillon CA1.

Cette unité n'est que le reste d'un élément beaucoup plus important de la période de la clandestinité : le bataillon de l'Ariège, ayant pour chef GOUDENNE ( Lieutenant Doumenc).

Formé dans l'Ariège en 1943, ce bataillon avaient des unités réparties dans les villes de Foix, Pamiers, ST. Girons et dépendait du groupe MALLART (Lieutenant Miller).

Le début de l'année 1944 fut pour cette unité catastrophique : livré aux Allemands par un sous-officier français, l'adjudant Vincent, les cadres sont arrêtés ou doivent se cacher. Le lieutenant PUYOT est arrêté, les lieutenant DOUMENC, EVRARD et CHAMOUX doivent fuirent. Leur appartement reçoit la visite de la Gestapo qui fait le vide chez eux.

- Le 6 juin 1944, prendre le maquis dans de telles conditions s'avère impossible. Les Allemands sont nombreux à la frontière espagnole et la Milice, en force elle aussi, (caserne à Foix, école de la Milice à Pamiers), est très active. Ses chefs dont Garderie, sont de la région et mène une activité importante. La Gestapo, également très puissante, est méfiante et n'a plus confiance en la police française dont une grande partie travaille pour la résistance.

Sur l'ordre du chef de bataillon DOUMENC, une compagnie formée au Mas d'Azil sous les ordres du lieutenant  BRUYERE gagne le détachement MALLART au Maquis des environs d'Auch, après avoir forcé les barrages allemands aux ponts sur la Garonne.

- Les 18,19 et 20 août 1944. se déclenchent les combats dans l'Ariège. Le Bataillon de l'Ariège y participe par ses éléments de Foix et de Pamiers et une Compagnie de Saint-Girons. Ce sont les combats de Rimont, de Saint-Girons, la libération de Pamiers et de Foix. Pendant ce temps le reste du Corps Franc Pommiès entreprend la poursuite du Boche.

Le Lieutenant DOUMENC reçoit l'ordre de rejoindre le CFP. La première condition fut de réunir le Bataillon. Les autorités F.T.P.F. aidés par les maquis espagnols s'y opposent pour des raisons politiques ( occupation de la mairie de Pamiers ). Les éléments de ce Bataillon qui vont se battre montent isolément vers Toulouse, où, au camp de Bordelongue, ils sont amalgamés avec d'autres éléments du C.F.P. attendant leur départ pour le front.
- Le 20 septembre 1944, c'est le départ par le Massif Central et Dijon, vers la Haute Saône, où le Corps Franc se reformera, ayant son PC à Scey-sur-Saône. Enfin après avoir été rattachée au détachement VIGNAUDON, la future CA1, sera définitivement rattachée au bataillon BALADE, le premier bataillon du CFP.

- Du 19 au 21 août 1944, c'est l'opération menée pour exterminer sur le plateau de Lannemezan, la totalité de l'ancienne garnison de Tarbes. Le général MAYR, commandant la place de Tarbes, est fait prisonnier.

- Le 21 août, Poursuivant son action libératrice, le Corps Franc attaque à Bedous l'ex garnison allemande d'Oloron qui tente de passer en Espagne.

L'ennemi perd : 10 tués, 10 blessés, 94 prisonniers.

Butin de guerre: 53 fusils, 2 mitrailleuses, 5 F.M., 1 canon de 25, 12 véhicules.

En présence de ces succès, le commandement français confie au, Corps Franc, à la fois l'honneur de faire flotter de nouveau le drapeau tricolore à la frontière d'Espagne, de Luchon à Hendaye, et la mission d'interdire tout passage d'éléments de la Wehrmacht, de membres de la Gestapo ou de collaborateurs. 3.000 hommes constituant certaines unités dites territoriales, composées de volontaires déjà assez âgés, sont jetés dans les Pyrénées pour occuper les vallées, les cols, et les postes de montagne.

- Le 20 août 1944, reformée à Pontacq, la 1ère compagnie DE CHAZELLE dont l'effectif s'est réduit par suite des blessés et des tués, parmi lesquels : l'adjudant-chef AUDOUAIRE, est désignée pour garder les cols Pyrénéens de Arreau, Moudang, Tramezaygues, et de Fabian.

En même temps commence l'exécution d'un plan conçu par le CHEF POMMIES visant à détruire les unités allemandes qui s'attardent sur la côte landaise. 5.000 hommes sont mis progressivement en place. Certaines unités sont dirigés sur le passage de l'Adour, qu'elles interdiront, cependant que le gros pivotant autour d'Orthez, doit se rabattre par Mont-de-Marsan sur la région de Mimizan. Mais les renseignements signalent tout à coup que l'ennemi ne pouvant gagner l'Espagne, fuit vers le nord. La manoeuvre n'a plus d'objet. Elle est remplacée par une poursuite confiée à des éléments poussés en direction de Bordeaux.

C'est alors le regroupement et le défilé triomphal à Toulouse, où à partir du 20 août 1944, les unités s'organisent pour poursuivre les allemands, puis la montée vers le front du Nord-est.

- Dès le 20 août 1944, la 2ème compagnie commence son entraînement, on signe les fiches d'engagement pour la durée de la guerre, l'armement est complété, soit par la subdivision de Tarbes, soit par des stocks cachés par les Chantiers de Jeunesse de Tarbes. Le départ approche enfin et la compagnie du Capitaine BLANC part de la caserne des Hussards à Tarbes pour participer au combats d'Autun.

Récits tirés du livre du Général CERONI : "Le corps franc Pommiès". (édité en 1984 et réédité en 2007)

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